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Des zones «sécurisées» pour sauver ce qui reste de rébellion armée

par Kharroubi Habib

Le contrôle de la région d'Idlib en Syrie, la seule qui échappe présentement à celui des autorités de Damas, est l'enjeu des féroces combats fratricides qui opposent les groupes armés rebelles de toutes obédiences. Solidement installé dans cette région, le Front Nosra, la branche syrienne d'El Qaïda, s'étant dénommé Fatah Al Cham a entrepris une guerre sans merci aux autres factions armées avec lesquelles il cohabitait ou qui s'y sont repliées après les cuisantes défaites que leur ont infligées les forces loyalistes à Alep Est et ailleurs à travers la Syrie.

Outre que le Front Nosra entend avoir sous son contrôle le dernier bastion aux mains de la rébellion armée, il a entrepris par là même de tenter de régler leur compte aux autres composantes de cette rébellion à qui il reproche de « comploter » pour l'isoler. Par « complot », le Front Nosra entend le fait que ses ex-« amis » et alliés dont les salafistes d'Ahrar Al Cham ont accepté le cessez-le-feu négocié par la Russie et la Turquie et pris part à la conférence d'Astana qui a consolidé celui-ci. S'il prend le dessus sur eux ou parvient à contraindre certains d'entre eux à s'intégrer à lui, ce qui est probable au vu de leur proximité doctrinale, le Front Nosra récupérera l'armement lourd et sophistiqué dont les ont abondamment pourvus les puissances qui les ont sponsorisés.

De son côté, le régime prépare avec soin l'offensive qu'il escompte déclencher pour reprendre l'ultime bastion où sont retranchées les hétéroclites rébellions et dont il espère que le déroulement donnera lieu à une décantation qui établira qui d'entre elles peuvent être considérées comme « modérées » et qui en faisant bloc en l'occurrence avec le Front Nosra sont à considérer comme djihado-terroristes. Les parrains de ces groupes armés acculés dans la seule région d'Idlib tentent d'empêcher l'offensive en préparation par les forces gouvernementales en faisant le forcing en vue d'instaurer des zones « sécurisées » avec pour raison invoquée de protéger la population civile qui s'y trouve ou viendrait s'y réfugier.

Le but réel de la création de ces zones « sécurisées » est d'empêcher la progression tous azimuts des forces loyalistes et leur reprise de contrôle de l'ensemble du territoire syrien. Pas dupe de la finalité de ces zones « sécurisées », le gouvernement syrien s'est déclaré opposé. Leur instauration établirait en effet de fait la partition de la Syrie qui est la cause véritable du conflit armé provoqué en Syrie. Les puissances qui ont toujours pour objectif cette partition de la Syrie s'ingénient qui à empêcher les forces loyalistes syriennes d'avancer sur Idlib, qui sur El Bab et qui sur Raqqa, pour que leurs protégés qui sont les exécutants de leur plan de partition puissent se prévaloir de l'occupation de ces villes et de leurs régions pour faire prendre en compte leur projet séparatiste au cours des négociations sur la Syrie programmées pour reprendre sous peu à Genève sous l'égide de l'ONU.