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Libye: effondrement du soutien au GNA, selon l'émissaire de l'ONU

par Kharroubi Habib

Dans un entretien publié vendredi par un journal suisse, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, dont la médiation a permis la constitution dans ce pays d'un gouvernement d'accord national (GNA) reconnu par les Nations unies, a affirmé que ce cabinet dirigé par le Premier ministre Fayez Seraj voit s'effondrer le soutien dont il a bénéficié à sa formation. La cause selon l'émissaire onusien est qu'il n'est pas parvenu à imposer son autorité au pays confronté à de profondes rivalités politiques et militaires dont la persistance l'empêche de s'occuper des problèmes économiques et sociaux dont l'aggravation a des conséquences dévastatrices sur les conditions de vie de la population.

Martin Kobler constate désabusé que la « bonne volonté » en faveur du cabinet Seraj qui a existé à sa constitution en avril s'est depuis incontestablement érodée. Il persiste néanmoins à considérer qu'il n'existe pas d'alternative au gouvernement d'union nationale. Publiquement, les grandes puissances occidentales qui ont appuyé la médiation de l'émissaire onusien et reconnu le cabinet libyen d'union nationale qui en a résulté partagent son point de vue sur l'inexistence d'alternative à cette forme de gouvernement en Libye. Secrètement pourtant certaines d'entre elles agissent en Libye comme si pour elles le GNA n'est qu'une faction parmi celles qui se disputent le pouvoir dans le pays. Tout en gratifiant le GNA du qualificatif de gouvernement légal de la Libye, elles offrent néanmoins à des forces qui refusent de le reconnaître une assistance militaire dont elles justifient la douteuse nécessité en présentant ses bénéficiaires comme exclusivement mus par la détermination de combattre les terroristes de l'Etat islamique qui profitant du chaos que connaît le pays depuis la chute du régime de Kadhafi ont occupé la ville de Syrte et sa région.

A part des promesses creuses, les grandes puissances n'ont rien fait qui aurait permis au GNA d'asseoir son autorité. Il leur a demandé avec insistance une aide militaire non sous la forme de leur intervention dans le pays mais celle de la fourniture d'un armement procurant à ses forces loyalistes des capacités de neutraliser les menées ourdies pour l'empêcher de consolider son autorité.

Les forces loyalistes au GNA sont en train de reprendre Syrte et sa région aux terroristes de l'Etat islamique, leur victoire ne mettra pas fin pour autant au cycle des affrontements armés dans le pays. Elle va même les attiser en ayant levé l'hypothèque dangereuse qu'a constituée pour les deux camps libyens se disputant le pouvoir la présence de l'Etat islamique à Syrte. Seule la menace qu'elle a fait peser sur eux les a contraints à observer une « paix armée ». Tout indique que celle-ci va inéluctablement céder la place à une confrontation que chaque camp voudra décisive et déterminante sur la question du pouvoir dans le pays.