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Daech recule mais va redoubler de barbarie

par Kharroubi Habib

Les offensives militaires lancées contre les combattants de l'Etat islamique tant en Irak qu'en Syrie et en Libye enregistrent des succès réels matérialisés par la reprise de positions où ils étaient solidement installés. Mais il ne faut pas s'aventurer à en voir l'annonce que la guerre menée contre cette barbare organisation djihado-terroriste en est arrivée à son dernier quart d'heure.

D'abord parce que l'on constate que des puissances qui sont censées être partie prenante dans cette guerre n'y contribuent que par des effets d'annonce alors qu'en réalité elles offrent cyniquement les moyens à l'organisation terroriste de la poursuivre. Pour ces puissances, le but de cette guerre n'est pas l'éradication totale de l'Etat islamique mais son maintien à une capacité de nuisance qu'elles pensent servir leurs intérêts géopolitiques. Ensuite parce que battue militairement, celle-ci va opter pour la stratégie de la terreur sanglante tous azimuts comme le démontre la série d'odieux carnages que ses fanatiques séides opèrent tant dans les pays où elle est parvenue à se tailler des fiefs que dans ceux qu'elle cherche à « punir » pour leur participation à la guerre qui lui est menée.

Il n'est pas besoin d'être expert de la question du terrorisme pour comprendre qu'acculée comme elle l'est au plan militaire, l'Etat islamique a prescrit à ses adeptes ici et là de semer la terreur dans les rangs de ses adversaires. Des tueries telles celles de Paris, Bruxelles et Orlando aux Etats-Unis, pour ne citer que les plus sanglantes, vont par conséquent être le mode opératoire de ses nervis. Il faut s'attendre à ce qu'il en soit ainsi quand interviendra en Irak, en Syrie et en Libye la dispersion des combattants dont dispose l'Etat islamique. Une dispersion qui ne présage rien de bon pour les pays vers lesquels ces combattants chercheront à se rendre. L'Algérie n'est pas à l'abri de cette menace que les autorités militaires et sécuritaires ont anticipée et contre laquelle elles ont préparé le pays. Précaution qui porte ses fruits comme le prouve le bilan du dispositif déployé à cet effet.

En finir avec le pseudo-khalifat mis en place par l'organisation terroriste en Irak et en Syrie ne signifiera nullement la fin de la nuisance barbare dont celle-ci est capable. Les spectaculaires attentats qu'elle a revendiqués ayant été perpétrés en Europe et en Amérique ont quelque peu contribué à faire prendre conscience que pour terrasser la bête immonde, il est impératif de s'en prendre à la matrice idéologique d'où elle est sortie. Cette matrice nul n'en ignore l'origine. Mais les dirigeants européens et américains se sont gardés jusque-là d'en faire franchement état pour des considérations abjectement mercantiles et intéressées.

Le doute sur leur détermination à combattre tout ce qui nourrit et entretient le terrorisme international s'impose encore même après qu'ils ont émis le signal qu'ils ne seraient plus disposés à accepter que l'organisation terroriste trouve appui et aides surtout de la part de leurs prétendus alliés dans la guerre contre elle. L'Algérie a toutes les raisons de ne pas faire fond sur leur « prise de conscience » et à compter sur elle-même pour assurer la sécurité de ses citoyens et de son territoire. L'ANP son bras armé est en ordre de bataille et veille avec efficience à la mettre à l'abri de ce que pourrait lui occasionner la dispersion des combattants de l'Etat islamique. Le pays gagnerait en solidité face à la menace si au parapluie de l'ANP venait à s'ajouter celui d'une société et d'acteurs politiques et sociaux unis par-delà leurs divergences politiques, car conscients que l'intérêt national prime sur tout.