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Haro sur Louiza Hanoune en guise de diversion

par Kharroubi Habib

Réagissant à l'initiative des 19 personnalités ayant adres sé une demande d'audience collective au chef de l'Etat, les secrétaires généraux du FLN et du RND ont évidemment dénoncé leur démarche la jugeant irrecevable car ses auteurs n'ont aucune qualité pour présenter pareille requête. Les deux chefs de partis du camp présidentiel n'ont pas fait dans la retenue dans la stigmatisation de leur action qu'ils ont jugée tous deux comme étant attentatoire à l'égard « du président, des institutions de l'Etat et aux intérêts de la nation ».

Une accusation que Saadani et Ouyahia savent être trop « grosse » car adressée à des personnalités dont ils ne peuvent convaincre qu'elles sont subitement devenues « antinationales » et acharnées à déstabiliser un régime dont la plupart sont des dignitaires jusque-là respectés. Aussi pour lui donner un semblant de crédit ont-ils opté pour présenter la démarche du groupe comme étant en fait celle d'un parti, le PT dont la responsable Louiza Hanoune serait parvenue à circonvenir les autres signataires et les a ainsi embarqués dans une opération « partisane ». Par cette présentation qu'ont faite Saadani et Ouyahia de la démarche des 19, leur but a été d'accréditer que les 18 seraient des « gogos » politiques s'étant fait enfumer par une chef de parti dont le premier a déclaré « qu'elle a perdu son équilibre car ceux qui la soutenaient ont quitté leurs postes » et le second qu'elle est « déchaînée depuis quelques mois déjà contre l'Etat et contre son premier dirigeant ».

En focalisant leurs tirs sur Louiza Hanoune, les deux chefs de partis du camp présidentiel ont implicitement fait l'aveu que celui-ci est plus qu'embarrassé par la démarche d'un groupe composé en majorité de personnalités perçues par l'opinion publique comme en faisant partie et par conséquent ne cherchant pas à précipiter sa perte. Elle a déstabilisé ce camp parce qu'elle est significative qu'en son sein même prévaut finalement le soupçon voire même la certitude que le président est du fait de son problème de santé pris en otage par un cercle n'ayant en vue que ses intérêts étroits.

Si cela n'est pas, les personnalités ayant signé la demande d'audience aux côtés de la patronne du PT cultivant le même soupçon auraient pu approcher autrement le chef de l'Etat du fait du lien particulier que certaines d'entre elles entretiennent avec lui. Il semble qu'elles s'y sont essayées mais en vain, d'où leur crainte avouée que Bouteflika est tenu dans l'ignorance de leurs tentatives mais aussi de ce qui se décide en son nom. Il est tout de même troublant qu'Ouyahia n'ait pas fait savoir si le chef de l'Etat a effectivement pris connaissance de la demande d'audience du groupe. Ce qui ne peut que conforter la réalité des craintes et soupçons sur lesquels celui-ci s'est basé pour la formuler.

Au sommet de l'Etat, l'on ne peut plus se contenter d'avoir balayé par un revers de main la démarche des 19. Que son bien-fondé soit récusé à ce niveau n'empêche pas qu'en majorité les Algériens exigent et exigeront de manière plus pressante la vérité sur qui gouverne réellement le pays et pas seulement à travers d'incantatoires déclarations sur la « bonne santé » du président. Ne pas y répondre c'est en fait admettre que ce que l'opposition déclame sur le sujet n'est ni infondé ni excessif.