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Un exécutif à la réactivité inadaptée aux réalités

par Kharroubi Habib

Dans son ensemble l'opposition se déclare sceptique, voire franchement convaincue que le programme gouvernemental élaboré pour faire face à la situation que connaît le pays du fait de la crise qu'il subit consécutivement à la chute des cours du pétrole ne va pas amortir les effets désastreux qui vont en résulter pour les citoyens. A ce programme, il est reproché d'être dans les dispositions et mesures qu'il contient déjà dépassé compte tenu de l'aggravation pour l'Algérie des conséquences qu'induit pour elle la persistance de la crise pétrolière.

Ce point de vue largement partagé dans les milieux d'experts de la chose économique où si l'on considère que les mesures et dispositions arrêtées par le gouvernement pour faire face à la crise vont dans le bon sens, l'on en estime pas moins qu'elles sont insuffisantes et que les autorités vont devoir revoir leur copie et se résoudre à en prendre d'autres inévitablement plus impopulaires parce qu'elles seront douloureuses. Peut-être comme le prétend le parti TAJ qui a pris la défense du programme anticrise du gouvernement que celui-ci est effectivement « conscient de la gravité de la situation». Il n'en est pas moins vrai que l'interrogation s'impose de savoir si sa «prise de conscience» va lui insuffler le courage d'assumer ces mesures et dispositions dont il sait qu'elles lui vaudront impopularité voire même risque d'une explosion sociale susceptible de dériver sur plus dangereux.

Sellal et son gouvernement n'auraient probablement pas hésité à arrêter un programme d'action anticrise plus drastique s'ils pensaient leur capital confiance et crédit auprès des Algériens en mesure de jouer chez ces derniers en faveur de cette option nonobstant les sacrifices qu'elle leur imposerait. Ils ne l'ont pas fait et tergiverseront à s'y résoudre tant qu'ils se berceront de l'illusion qu'ils peuvent en faire «l'économie» grâce d'une part aux réserves encore disponibles dans le fonds de régulation des recettes et à l'espoir qui les habite que la crise pétrolière se dissipera avant que ce fonds ne soit totalement vidé.

Dans son discours devant les walis, Sellal a qualifié ce fonds de régulation de «trésor de famille» qu'il ne faut pas dilapider. Ce que le gouvernement fait pourtant en y puisant allégrement pour combler les déficits budgétaires faute de disposer pour cela d'autres alternatives. Le parti TAJ qui prétend que le gouvernement n'a pas «de leçon à recevoir» a raison d'une certaine façon car ce gouvernement qu'il défend est carré dans la certitude qu'il n'en a pas besoin, qu'il sait tout sur tout et que ce qu'il entreprend est toujours le mieux pour le pays. Le sachant imbu d'omniscience et d'infaillibilité, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il sollicite les parties qui ont émis des avis et des opinions qui divergent d'avec les siens sur le programme dont il faut doter l'Algérie pour lui permettre de faire face à sa crise.

Ce n'est que quand le feu aura pris dans la «maison Algérie» qu'il cherchera à impliquer ces milieux dans une réflexion sur le comment éteindre l'incendie. Tout comme son programme anticrise d'aujourd'hui, la concertation qu'il tentera de provoquer alors apparaîtra comme une initiative venant en décalage avec la situation considérée.