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L'enfumage et la diversion continuent

par Kharroubi Habib

Hier dimanche, la Présidence a rendu public un communiqué annonçant que le chef de l'Etat a ordonné un remaniement dans les principales institutions économiques et financières du pays et instruit les instances qualifiées à l'opérer immédiatement. Ce qui a été exécuté puisque l'on a appris aussitôt la publication de ce communiqué que la Douane nationale, Air Algérie, Sonatrach, Naftal et la plupart des banques publiques ont été dotées de nouveaux « patrons ».

Comme pour le remaniement gouvernemental, il est impossible de déchiffrer la ou les raisons qui ont motivé le mouvement qui a concerné nos principales institutions économiques et financières. En celui-ci comme le remaniement de l'exécutif gouvernemental, les permutations et mutations en ont été sa principale caractéristique. Ce qui d'emblée confirme que la volonté qui a présidé à ce mouvement n'a pas cherché à sanctionner ou à insuffler un sang nouveau au sommet de l'encadrement de nos principales institutions économiques et financières. A quelques exceptions près, le mouvement s'est réduit à reprendre les mêmes mais en les affectant ailleurs que l'institution dont ils ont été à la tête. L'opération confirme que l'on cherche à créer l'illusion que l'on a opté pour le changement alors que dans la réalité c'est la continuité qui s'en dégage.

En reprenant pratiquement les mêmes bien que mutés ou permutés, l'on ne peut prétendre en effet avoir procédé au coup de balai que réclame l'opinion publique au constat des calamiteux bilans qui sont ceux de la plupart d'entre eux aux postes dont ils viennent d'être enlevés.

Ce tour de passe-passe, tout comme celui auquel l'on a eu droit pour le remaniement ministériel, n'est pas l'indice que les institutions touchées par le «changement» vont connaître une révolution dans leur mode de gestion. Si les responsables concernés par le mouvement étaient animés de la volonté de «révolutionner salutairement», ils l'auraient fait dans les institutions qu'ils ont eu à diriger. Croit-on sérieusement par exemple que quelqu'un qui a dirigé la BNA sans parvenir à en faire un organisme bancaire performant par ses capacités d'offrir dans le contexte d'une économie libérale les prestations et services qu'en attendent les acteurs de celle-ci, va réussir ce pari manageriel à la tête d'une autre banque publique ? Ce n'est certainement pas ce qu'en attendent celui ou ceux qui l'ont changé de poste.

L'apparence de remue-ménage auquel il est procédé ayant touché le staff gouvernemental puis les principales institutions économiques et financières va probablement se poursuivre en touchant les corps des walis et des chefs de daïra. Il en résultera au final que tout restera en l'état dans la gouvernance et la gestion des affaires de l'Etat. Ce remue-ménage à étage procède de la tactique de la diversion. Quoi de mieux qu'un semblant de remaniement à épisode pour détourner l'attention de l'opinion publique et des acteurs politiques des problèmes qui sont causes de la crise multidimensionnelle dans laquelle le pays se débat et auxquels le pouvoir est incapable d'apporter les solutions idoines.