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Blatter en «pèlerin de la paix»

par Kharroubi Habib

L'on sait que la Fédération palestinienne de football a déposé auprès de la FIFA un projet de motion préconisant la suspension de son homologue israélienne de toutes les instances internationales footballistiques. C'est le 28 de ce mois que le congrès de la FIFA devra se prononcer sur la requête palestinienne à laquelle il faudra 75% des voix en son sein pour être adoptée.

Le sulfureux président de la FIFA Sepp Blatter qui est opposé à la demande palestinienne s'est rendu en Israël et en Cisjordanie pour tenter d'emmener les deux parties à s'entendre sur un compromis suite auquel la Fédération palestinienne retirerait sa motion. Les Israéliens lui ont soufflé l'idée que le compromis pourrait être l'organisation d'un « match de la paix » entre les équipes de football nationales palestinienne et israélienne. Il s'est empressé d'aller à Ramallah pour la vendre à la Fédération palestinienne qui l'a déclinée. Ne reprocheront à celle-ci sa décision que ceux qui ont encore la naïveté de croire que les initiatives symboliques du genre de celle dont Blatter s'est fait le démarcheur font bouger les lignes dans le conflit israélo-palestinien.

Les Palestiniens ont constaté qu'à chaque fois qu'ils ont consenti à ce type d'actions censées faire avancer la cause de la paix, ils ont en fait offert l'opportunité à Israël de redorer son blason mais en ne rien concédant à leurs revendications. Il y aura évidemment aussi ceux qui feront reproche aux Palestiniens de politiser le sport. Mais pourquoi les Palestiniens se priveraient de cette pratique dont usent systématiquement les soutiens de l'Etat sioniste ?

L'instance dirigeante de la FIFA, pour ne citer que cette instance sportive internationale dans laquelle les soutiens d'Israël disposent de forts moyens d'influence, s'arrange toujours pour empêcher la condamnation et la sanction d'Israël qui a décrété des mesures qui privent les footballeurs palestiniens de participation aux compétitions internationales de ce sport. Elle réagit par contre promptement et avec la plus extrême fermeté contre les parties qui s'avisent de prendre des mesures de rétorsion contre cet Etat et ses sportifs.

La Fédération palestinienne de football est certes une instance sportive, mais elle est aussi partie prenante du combat que le peuple palestinien mène pour arracher sa liberté et son droit à un Etat national indépendant. Sa contribution à ce combat est de mettre en accusation Israël pour les restrictions et interdits qu'il met aux déplacements des footballeurs palestiniens d'un territoire occupé à un autre et à l'étranger. Ce que la FIFA se doit de dénoncer et de sanctionner. Ce qu'elle ne fait pas en se cachant derrière le faux « sacro-saint » principe de non politisation du sport.

Le gadget d'un « match de paix » dans le contexte où en sont les relations israélo-palestiniennes ne séduira que les âmes sensibles mais irréalistes. L'on est à un moment du conflit palestino-israélien où seules sont opérantes les pressions et sanctions qui contraindraient Israël à cesser son occupation des territoires, à mettre fin à la répression multiforme qu'elle exerce contre leurs populations et à arrêter sa colonisation. La suspension d'Israël des instances sportives internationales en est une qui sans être déterminante serait néanmoins efficace. Ce dont Blatter est parfaitement conscient et l'a poussé à prendre son bâton de « pèlerin de la paix » et à aller à Ramallah tenter d'enfumer les responsables du football palestinien.