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Le pari africain de l'Algérie

par Kharroubi Habib

L'Algérie est engagée dans la reconquête de son rôle d'Etat phare pour le continent africain auquel elle a quelque peu renoncé pour se tourner vers d'autres horizons qui ne lui ont finalement apporté que déboires et désillusions. Elle le fait, et c'est tant mieux, de façon méthodique en densifiant ses relations continentales, ce qui se mesure au constat qu'en quelques mois Alger a reçu en visite la plupart des dirigeants d'Etat africains.

Il n'était que temps que l'Algérie retrouve le chemin de l'Afrique, car le vide qu'elle y a laissé a permis à d'autres (au Maroc notamment) de s'y engouffrer en attisant les rancœurs contre sa prétendue indifférence aux problèmes continentaux. Il ne lui suffira pas cependant d'opérer son retour en direction de l'Afrique en réchauffant uniquement ses relations politiques et diplomatiques avec le reste du continent. Elle ne peut se cantonner à cette ambition, qu'elle doit faire suivre par celle de nouer continentalement une coopération multiforme aux résultats bénéfiques pour elle et pour les pays avec lesquels elle l'entreprendra.

Ce qui semble être clairement la stratégie opératoire pour laquelle ont opté les dirigeants du pays. L'offensive lancée par eux en direction de l'Afrique ne se limite plus en effet à dynamiser les rapports politiques avec leurs partenaires africains mais à les convaincre que la solidarité africaine n'aurait de sens et de poids que si leurs pays développent leurs relations économiques et leur entraide en tous autres domaines. Et la démarche algérienne semble porter ses fruits comme le dénote la percée algérienne en cours sur le continent.

L'Algérie n'est pas démunie d'arguments pour faire de son offensive sur le continent une opération à rentabilité certaine pour son économie. Les chefs d'Etat et de gouvernement africains qui l'ont visitée ces derniers mois ont été incontestablement agréablement surpris par la diversité et la qualité de la coopération que notre pays est à même de proposer à leurs pays respectifs. Au point, souvenons-nous, que le président malien en visite à Alger avait estimé qu'il ne voyait pas pourquoi les Africains vont chercher ailleurs ce qui se trouve et est disponible chez leurs voisins.

Les autorités algériennes doivent persévérer dans l'intérêt qu'elles portent au continent et tout mettre en œuvre pour concrétiser des engagements qu'elles ont pu prendre à l'occasion des visites à Alger des chefs d'Etat ou de gouvernement africains ou ceux que ces derniers leur ont faits. La percée algérienne en direction de l'Afrique ne doit pas néanmoins être du seul ressort de l'Etat. Elle est également un objectif pour nos hommes d'affaires qui doivent se convaincre que le continent d'avenir c'est l'Afrique.

Au-delà des apparences qui font que le continent est perçu comme une zone de la planète en marge du développement, l'Afrique est véritablement en marche comme le prouve la constance de son haut niveau de croissance. L'industrie et l'économie algériennes peuvent et doivent tirer profit de cette situation pour peu que leurs acteurs fassent preuve de dynamisme et de combativité. Sans verser dans l'optimisme béat, l'Algérie se doit de parier sur l'Afrique et pour cela s'en tenir à la stratégie qu'elle a adoptée consistant à développer et à bien incruster sa présence dans le continent.