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Un procès, des procès !

par Moncef Wafi

La succession des grands procès des affaires de corruption qui ont secoué la chronique judiciaire nationale semble répondre à une logique de l'Etat d'en finir avec des dossiers qui ont eu, pour premières lectures, un prisme purement politique. Autoroute Est-Ouest, Khalifa Bank, Sonatrach 1 et 2, des procès avant tout d'une gestion d'hommes devenus, à force d'atermoiements et d'opacité, ceux d'un régime aux abois. Un constat plus qu'un fait puisque toutes les personnalités citées lors de ces audiences ne seront jamais inquiétées dans le cadre de la justice, mais cela n'empêche pas l'opinion publique d'être témoin, par le truchement des comptes rendus de la presse indépendante, d'un déballage de linge sale touchant les plus hautes sphères du pouvoir central. Et que dire de ces accusations formelles de corruption impliquant des ministres en exercice sans que cela n'émeuve personne. Il n'est un secret pour personne que les procès de Khalifa et de la compagnie nationale des hydrocarbures auront la même trajectoire que celui de l'autoroute Est-Ouest. Que des noms de personnalités au pouvoir ou ayant exercé de hautes fonctions dans l'appareil de l'Etat seront cités et accusés d'être partie prenante du vaste réseau mafieux qui s'est tissé avec des ramifications certaines dans des sphères insoupçonnables. Que ces noms ne risquent pas de se retrouver devant le juge pour répondre des lourdes accusations dont ils font l'objet car protégés par un système qui conditionne sa survie à celle de ses hommes. Ces procès, à défaut d'être ceux de la corruption généralisée à tous les niveaux avec des complicités pour ne pas dire des commanditaires au-dessus de tout soupçon, se transforment au gré des témoignages et des plaidoiries en véritable tribune d'accusation d'un pouvoir coupable, aux yeux des uns et des autres, de couvrir une meute de prédateurs prêts à tout pour saigner le pays. Si à travers ces procès, ce ne sont que les seconds couteaux qu'on retrouve au box des accusés, l'occasion est belle pour l'opposition de s'en emparer pour faire le procès politique et public d'un système qui aura de toute évidence du mal à s'en remettre. Malgré toutes les velléités et les pratiques pour cadenasser les libertés d'expression, quoi de mieux qu'un procès public pour dénoncer une volonté prédatrice dont les responsables, selon les prévenus, ne sont autres que ceux qui sont censés défendre les intérêts suprêmes de la Nation. Le plus judicieux aurait été de privilégier la transparence et de permettre à la justice de faire son job pour s'éviter de se retrouver coupable aux yeux de tout le monde.