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Des élections anticipées: pourquoi et comment?

par Kharroubi Habib

Louiza Hanoune et l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis préconisent tous deux un retour anticipé au suffrage universel. Mais alors que ce dernier plaide pour un retour aux urnes aussi bien pour des élections présidentielle, législatives que locales, la patronne du Parti des travailleurs circonscrit sa demande aux seules élections de renouvellement de l'Assemblée nationale et de celles locales.

Cette différence entre les préconisations des deux personnalités politiques est révélatrice de la divergence de fond qui les oppose. Et elle est de taille puisqu'elle porte sur la question de la « légitimité » que Louiza Hanoune dénie aux seules assemblées élues alors que Benflis englobe dans son déni l'institution présidentielle à laquelle il ne la concède pas en arguant que celui qui en est à la tête a été élu dans un scrutin entaché par une « fraude généralisée ». L'autre différence entre Louiza Hanoune et Benflis est que la première demande un retour anticipé aux urnes sans poser de conditions préalables pour son organisation alors qu'Ali Benflis met celui de la constitution d'une commission électorale nationale indépendante du pouvoir et de l'administration qui se chargera de l'organisation et de la supervision du processus électoral.

Quelle que soit la manière dont lui est demandé le retour au suffrage universel, le pouvoir n'y consentira pas car impliquant pour lui l'aveu que ses institutions constitutives sont effectivement en déficit de légitimité et non représentatives de la volonté populaire. Il fera encore moins suite à la revendication qu'exprime la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) qui elle aussi envisage un retour généralisé au suffrage universel mais après une transition durant laquelle serait reformulée la nature du système politique algérien et des garde-fous mis en place pour s'assurer que seront respectés les changements qui auront été préconisés.

Si des élections anticipées seront envisagées par le pouvoir, ce ne sera que quand la question de la succession présidentielle fera l'objet d'un consensus entre ses clans. Et elles seront organisées selon les « bonnes » vieilles méthodes qui sont les siennes et certainement pas aux conditions de Benflis ou de la CNLTD. Ni Louiza Hanoune qui table sur un sursaut patriotique d'un courant de ce pouvoir, ni Benflis et la CNLTD qui réclament son changement ne sont en position de le contraindre. Ni l'une ni les autres ne parviennent à faire adhérer la majorité des citoyens à leurs revendications respectives. Or ce n'est que si elles sont portées et exprimées par la société qu'elles seront entendues par le pouvoir.

Tant qu'elles n'émanent que du cercle des états-majors partisans et des milieux confinés des professionnels de la politique déçus de leur mise à l'écart par le pouvoir en place, celui-ci a beau jeu de les présenter comme faisant partie du plan ourdi par ceux qui les prônent visant à saper « le front uni intérieur » dont l'Algérie a besoin pour faire face aux dangers tant intérieurs qu'extérieurs qui menacent son intégrité et sa stabilité nationales.