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Foutaise la brouille israélo-américaine

par Kharroubi Habib

Il y a assurément de l'eau dans le gaz des relations entre le président américain Barack Obama et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Il ne peut en aller autrement entre les deux hommes dont la détestation l'un pour l'autre a toujours percé sous la cordialité toute diplomatique qu'ils se manifestent quand ils se rencontrent et les « fleurs » qu'ils s'échangent au travers de leurs déclarations.

Il est vrai que la relation entre les deux s'est singulièrement détériorée ces derniers temps. Le président américain enrageant que le Premier ministre israélien le défie systématiquement en rejetant son approche sur le dossier du conflit israélo-palestinien et sur celui du nucléaire iranien. Il est vraisemblable que Barack Obama a espéré la défaite électorale du dirigeant israélien qui lui a infligé des camouflets ingérables pour son ego de président de la plus grande puissance mondiale. Il n'en demeure pas moins que leur brouille et la tension qui caractérise présentement les relations officielles américano-israéliennes ne seront d'aucun effet sur l'alliance stratégique historique qui lie les deux pays.

Croire qu'il est dans l'intention du président américain de procéder à une « réévaluation » de cette alliance est une naïve foutaise. Jamais Obama ne s'avisera d'ordonner des mesures dans ce sens. L'exaspération que suscitent à la Maison Blanche les provocantes prises de position et déclarations humiliantes du Premier ministre israélien a certes conduit Barack Obama à hausser le ton, mais nullement à prendre des décisions altérantes de l'alliance stratégique entre Israël et les Etats-Unis. D'aucuns pourtant pensent que c'est ce qui est en train de se produire en accordant une gravité sans pareille à la déclaration de la Maison Blanche affirmant qu'Israël doit « mettre fin à une occupation qui dure depuis plus de cinquante ans ».

Venant après l'annonce américaine que les Etats-Unis vont « reconsidérer » le soutien qu'ils apportent à Israël au Conseil de sécurité et dans les autres instances et institutions onusiennes, cette déclaration les conforte dans l'erreur d'estimer que l'alliance américano-israélienne est en péril de délitement. Tout ce que la Maison Blanche profère qui paraît comme l'amorce d'une « réévaluation » de cette alliance n'est qu'effets d'annonce qui n'iront pas plus loin. L'on aura l'occasion de le vérifier au développement de l'offensive diplomatique lancée par l'Autorité palestinienne en vue d'une reconnaissance pleine et entière au sein des Nations unies de l'Etat palestinien et d'obtenir l'accusation d'Israël comme coupable de crimes de guerre et contre l'humanité à travers la répression et les agressions militaires qu'il mène contre les Palestiniens.

L'animosité personnelle entre Obama et Netanyahu s'effacera aussitôt tant les intérêts des deux Etats leur imposent de la dépasser. Les Etats-Unis poursuivent au Moyen-Orient un plan de recomposition de la région dont l'une des finalités fondamentales est l'hégémonie israélienne sur cette partie du monde. Son exécution est largement engagée à travers le chaos que suscite la politique américaine dans la région. Ni Obama ni un autre président ne touchera à l'alliance stratégique historique entre Israël et l'Amérique qui en est le pilier et la condition de son succès.