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Trois dossiers lourds au 24ème sommet de l'UA

par Kharroubi Habib

Le 24ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) qui se réunira à Addis-Abeba les 30 et 31 janvier aura à examiner trois lourds dossiers auxquels le continent se doit de s'y confronter solidairement tant ils recèlent des conséquences graves pour ses populations et la stabilité de ses Etats. Ce sont celui de l'épidémie d'Ebola, de la crise libyenne et bien entendu celui de la menace que représente désormais l'organisation terroriste Boko Haram dont le champ opérationnel s'étend de façon déconcertante et de façon pour l'instant irrésistible.

Trois dossiers sur lesquels l'Union africaine ne s'est pas mobilisée jusque-là de manière remarquée malgré leurs développements dramatiques qui en affectent désormais un grand nombre de pays du continent. Pour ce qui est de l'épidémie d'Ebola, l'Union africaine a été en retrait de l'élan de mobilisation internationale qu'elle a suscité par la crainte de son extension hors du continent. La moindre contribution dont elle aurait pu prendre l'initiative aurait été qu'au lieu d'organiser en grande pompe un sommet commémoratif de la création de l'ex-OUA, alors que l'épidémie s'était déjà déclarée en Guinée et en Sierra Leone et que ses victimes se décomptaient déjà en centaines, elle convoque un sommet africain extraordinaire consacré à étudier ce que le contient se devait de faire pour la combattre solidairement.

L'amer constat en est que les Etats du continent qui sont confrontés à cette épidémie d'Ebola qui persiste toujours et a fait des milliers de victimes, n'ont pu compter sur l'organisation panafricaine en terme d'aides pour y faire face. L'effacement de l'Union africaine sur ce grave problème qui met en péril la population continentale ne s'explique pas uniquement par l'absence de moyens à disposition de ses Etats membres pour la combattre. Il y a surtout à l'évidence que l'organisation continentale a fait preuve du handicap de n'être pas préparée à gérer des catastrophes humanitaires qui n'ont pas une cause politique. Ce dont son 24ème sommet se doit de se préoccuper en tirant les enseignements de l'inertie dont elle a fait montre face à l'épidémie encore persistante.

Sur les deux autres dossiers, l'Union africaine a été certes plus réactive, mais malgré cela sans influence décisive sur le cours de leurs développements. Dans la crise libyenne, l'Union africaine a incontestablement adopté la bonne position qui a consisté à s'exprimer contre l'intervention militaire étrangère dont elle a parfaitement anticipé les dangereuses conséquences qu'elle allait avoir sur la sécurité et la stabilité des Etats voisins de l'ex-Jamahiriya et par à-coups sur l'ensemble du continent. Elle a de même correctement apprécié la menace que représente pour l'Afrique la sanguinaire et rétrograde organisation terroriste qu'est Boko Haram.

De ces deux problèmes et de celui que pose le terrorisme d'une façon globale au continent africain, l'organisation en a retiré la conclusion que celui-ci se dote impérativement d'une force d'intervention militaire adaptée pour combattre la menace là où elle se présente. Mais ce projet dont il est cycliquement débattu en son sein et dans de prétendues commissions d'experts est « l'arlésienne africaine» malgré les fulgurantes métastases du cancer terroriste sur le continent. Il se heurte en l'occurrence aux oppositions de nationalisme et de souverainisme derrière lesquels s'abritent certains dirigeants africains ne défendant en réalité que leur maintien au pouvoir. L'avancée fulgurante et irrésistible de Boko Haram rend tragiquement puériles leurs tergiversations. Espérons que le 24ème sommet de l'Union africaine sera celui de leur prise de conscience.