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Dialogue intermalien : de l'optimisme mais de la vigilance aussi

par Kharroubi Habib

Tous les observateurs qui suivent le déroulement du processus du dialogue intermalien conviennent que la médiation algérienne a incontestablement mis celui-ci sur de « bons rails » et font le pari « raisonnablement optimiste » que grâce à elle il se conclura par un accord intermalien qui ramènera la paix et la stabilité au Mali.

L'efficacité de la médiation algérienne s'est manifestée quand, contre toute attente, et dans un contexte malien peu propice alors à la relance du dialogue malien, elle était parvenue à convaincre les parties favorables à ce dialogue de le reprendre à Alger. Preuve de la confiance dont jouit l'Algérie dans les deux camps maliens, il n'a manqué à cette rencontre, qui s'est déroulée du 17 au 24 juillet, aucun acteur impliqué dans le processus. Laquelle s'était au soulagement de tous ceux qu'inquiètent la persistance de la crise malienne achevée par la signature par les deux parties, gouvernement du Mali et les six mouvements politico-militaires du nord de ce pays, d'une feuille de route d'une « déclaration de cessation des hostilités » et l'engagement de revenir à Alger le 1er septembre pour un second round de négociations voué cette fois à un dialogue de fond et la recherche d'un plan de règlement qui servirait de base à l'élaboration d'un accord de paix définitif.

La médiation algérienne ne suscite pas de méfiance de la part des acteurs maliens parce que l'Algérie a clairement exposé aux concernés sa position sur la crise malienne et sa vision de la solution pour en sortir. Aux mouvements politico-militaires du Nord-Mali, il a été précisé sans ambiguïté que la médiation algérienne ne préconisera rien qui contreviendrait au respect absolu et non négociable de la souveraineté de l'Etat et du peuple maliens sur l'ensemble de leur territoire. L'Algérie a défendu auprès du gouvernement malien sa conviction que le respect de la souveraineté du Mali n'est pas en cause s'il accepte les revendications que formulent les mouvements politico-militaires du nord du pays.

Les deux parties ont à l'évidence reconnu le bien-fondé de la vision algérienne à laquelle d'ailleurs se sont ralliés les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, la CEDEAO, l'OCI et la plupart des Etats de la région subsaharienne. Si les deux camps maliens s'en tiennent à elle dans leurs négociations, celles-ci prendront certes du temps peut-être mais sont susceptibles d'être conclues par un accord de paix durable au Mali. Certains gestes faits par les parties maliennes la veille de l'ouverture de la phase initiale du dialogue d'Alger, le 17 juillet, et durant la période entre la fin de celle-ci et le démarrage, hier, du second round, ont été appréciés à juste titre comme ayant contribué à renforcer le climat d'optimisme qui accompagne la médiation algérienne depuis qu'elle s'exerce entre les négociateurs maliens.

L'optimisme ne doit pas pour autant amener la communauté internationale, notamment les Etats directement concernés par la crise malienne, à baisser de vigilance quant à la possibilité d'interférences visant à faire capoter le processus des négociations intermaliennes. Des puissances dont le Maroc, entre autres, ne se priveront pas à tenter de le faire. Ce n'est pas pour prêcher la recherche d'une solution amenant la paix au Mali et au Sahel que le roi et le Makhzen marocains ont à l'annonce de la médiation algérienne lancé des invitations à venir dans le royaume à des chefs de mouvements politico-militaires du Nord-Mali. Et il n'est pas fortuit également qu'ont eu lieu des dissidences parmi certains de ces mouvements.