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Conflit syrien : Un 2ème round peut être plus positif

par Kharroubi Habib

Des femmes, des enfants et des vieillards pris au piège dans la ville de Homs assiégée ont pu la quitter grâce à la trêve conclue par les belligérants, le régime et ses opposants, à la demande de l'ONU. Intervenu a quelques jours avant l'ouverture du 2ème round des négociations de paix de Genève, ce geste humanitaire auquel ils ont consenti suscite l'espoir, faible au demeurant, que leurs délégations respectives y puiseront la volonté de rechercher un accord global qui mette fin à la tragédie que vit le peuple syrien dans son ensemble. Pour les y encourager il faudrait que cesse la surenchère à laquelle s'adonnent certaines parties étrangères. N'en est-ce pas une en effet que Washington et Paris ont lancée en remettant sur le tapis «la mauvaise foi» du régime syrien au prétexte du retard que connaît l'opération de transfert à l'étranger, en vue de sa destruction, de l'arsenal chimique du pays.

Le premier round des négociations de paix n'a pas connu d'avancée significative. Les deux délégations se sont limitées au développement de leurs griefs et exigences. Ce qui était prévisible. Ce qui a découlé de positif de leur face à face est que, malgré l'apparente irreconciliabilité de leurs positions, elles ont néanmoins convenu de ne pas rompre et d'être présentes à Genève pour un deuxième round. Damas a confirmé qu'elle sera au rendez-vous. L'opposition y sera, elle aussi, certainement. Les deux parties ont mis à profit le temps entre les deux rounds pour se concerter avec leurs alliés et soutiens. Toute la question est de savoir si ceux-ci leur ont conseillé le pragmatisme et la recherche d'un accord acceptable.

Après avoir prétendu qu'un accord de paix en Syrie ne pouvait se discuter que si Damas accepte l'exigence du départ de Bachar al-Assad et de ses proches, les Occidentaux ont à l'évidence entériné le fait que celui-ci et son régime sont dans une position de force sur le terrain qui rend illusoire la prise en compte de cette exigence. John Kerry a admis que le régime de Damas a marqué des points ces derniers mois. Constat qui, dans une autre langue que celle de la diplomatie, donne à comprendre que les Etats-Unis reconnaissent que le régime syrien n'est non seulement pas près de s'effondrer comme ils en ont envisagé, cru et attendu la perspective, mais qu'il est en train d'acculer et de neutraliser leurs protégés. Peut-être que cette réalité du terrain les poussera à réclamer à l'opposition de ne pas s'enfermer dans des préalables qu'elle ne peut imposer au régime qu'elle est dans l'impossibilité de mettre en échec militairement. Alors pourrait s'amorcer réellement une négociation sur la nature d'un processus de transition en Syrie qui mettrait fin aux affrontements fratricides et ouvrirait la voie à l'expression de la souveraineté du peuple syrien en matière de choix des dirigeants à qui il reviendrait de gouverner le pays.