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France: un quinquennat plein d'incertitudes

par Kharroubi Habib

En France où aura lieu demain dimanche le premier tour des élections législatives, les sondages donnent le Parti socialiste largement gagnant puisque crédité d'atteindre la majorité absolue au Parlement sans besoin pour lui des appoints des autres formations de la gauche, écologistes et Front de gauche.

Si les urnes confirment les sondages, il en résultera que le Parti socialiste détiendra alors en France entre ses mains toutes les manettes du pouvoir. De la présidence de la République où officie François Hollande depuis sa victoire le 6 mai dernier, aux mairies des grandes communes du pays en passant par le gouvernement, le Sénat et les conseils des régions. Situation inédite contre laquelle la droite tous segments confondus a mis l'électorat en garde en faisant valoir qu'elle fausserait le fonctionnement démocratique de la République. Au vu des sondages, il ne semble pas que les électeurs partagent cette vision de la droite et ont décidé en toute rationalité de donner au président qu'ils viennent d'élire la majorité parlementaire dont il a besoin pour mettre en œuvre son programme électoral, plutôt que de le contraindre à la «cohabitation» à laquelle la droite aspire.

L'unité de l'UMP déjà sérieusement malmenée par la défaite à la présidentielle de son candidat Nicolas Sarkozy, ne résistera probablement pas à l'échec des législatives. La bataille des «chefs» déclenchée aussitôt après le premier revers électoral, pourrait se muer en remise en cause pure et simple du leadership exercé par l'UMP sur le camp des droites. L'implosion de l'UMP serait tout bénéfice pour le Front national qui doit secrètement espérer que la victoire aux législatives de la gauche soit la plus large possible pour la rendre inéluctable et lui permettre ainsi d'attirer à lui les franges les plus droitières de la composante de cette formation. Ce mouvement de rapprochement entre UMPéiste et le Front national s'est déjà ébauché et se profile irréversible en cas de victoire écrasante de la gauche.

Un succès électoral du PS de l'ampleur prédite par les sondages donnera les mains libres au président Hollande et à son gouvernement pour mener les politiques promises dans la campagne électorale présidentielle. Mais la liberté d'agir qu'il leur procurera les condamne à réussir le pari de redresser la situation de la France. Challenge qui s'annonce objectif incertain car à entreprendre dans un contexte de crise économique et financière française, européenne et mondiale dont les nouvelles autorités socialistes ne détiennent pas seules les solutions censées la surmonter.

Le Parti socialiste français joue gros dans le mandat présidentiel de François Hollande. Revenu au pouvoir crédité d'avoir tiré les enseignements des erreurs à ne plus commettre quand la gauche accède aux affaires de la République, il n'a pas droit à l'échec qui signifierait alors l'éloignement de celles-ci pour longtemps à partir de 2017. Il crédibiliserait irrévocablement la thèse des extrêmes du paysage politique français pour qui les politiques de la droite républicaine représentée par l'UMP et du Parti socialiste sont à peu de chose près «blanc bonnet et bonnet blanc». L'élection présidentielle qui vient d'avoir lieu a démontré que cette thèse fait du chemin dans l'esprit d'une masse d'électeurs de plus en plus large. Elle s'imposera inéluctablement en cas de quinquennat calamiteux de François Hollande.