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Palestine: l'intifada pacifique en soutien à la lutte diplomatique

par Kharroubi Habib

C'est Israël qui a ignoré la «feuille de route» établie par le quartette pour le Proche-Orient. Israël encore qui a rejeté les demandes du Président américain destinées à faciliter la reprise du processus de négociations de paix directe entre Palestiniens et Israéliens. Israël enfin qui ignore superbement toutes les initiatives internationales en vue de lever les obstacles qui bloquent la promesse faite de création proche d'un Etat palestinien. Mais c'est l'Autorité palestinienne qui, en engageant l'offensive diplomatique visant à faire reconnaître cet Etat palestinien par les Nations unies, se trouve au centre de pressions visant à la faire renoncer à la seule arme dont elle dispose face à un ennemi qui ferme la porte à la solution de paix négociée.

Le quartette, impuissant à faire prévaloir sa « feuille de route », s'est réveillé de sa léthargie, non pas pour exiger de l'Etat sioniste qu'il se conforme à ses stipulations, mais pour contrer l'initiative diplomatique palestinienne en abondant dans le sens de la logique qui guide la position du gouvernement Netanyahu. Celui-ci ne s'est pas trompé sur ce que l'appel de ce quartette à une reprise immédiate et sans condition des négociations directes lui offre comme encouragement à persévérer dans le refus des conditions mises par l'Autorité palestinienne au retour de ses négociateurs à la table des négociations directes.

Les pressions américaines, allant dans le même sens que celle du quartette, sont encore plus directes et agressives à l'endroit des Palestiniens. La Maison-Blanche a annoncé que les Etats-Unis mettront leur veto à la demande palestinienne de reconnaissance de l'Etat palestinien par les Nations unies aussitôt que l'idée de son introduction a été émise par Mahmoud Abbas.

Le forcing américain pour dissuader la direction palestinienne de recourir aux Nations unies emprunte aussi d'autres voies, comme celle du chantage à l'aide financière. Lequel vient de prendre la forme du blocage fait par des élus du Congrès américain de l'aide économique de deux cents millions de dollars en représailles à la demande palestinienne d'adhésion d'un Etat palestinien à l'ONU. En clair, tout est mis en branle pour faire renoncer les Palestiniens à leur démarche visant à sortir la résolution du conflit palestino-israélien du tête-à-tête mortifère pour leur cause nationale, dans lequel les Etats-Unis et Israël veulent qu'elle reste enfermée.

Mahmoud Abbas et la direction palestinienne ne semblent pas fléchir devant les pressions dont ils font l'objet. Ils ont pour eux l'adhésion spectaculairement démontrée de leur peuple à leur démarche diplomatique, l'approbation encourageante de la quasi-totalité de la communauté internationale. Le contexte international et régional n'a jamais été aussi favorable à la cause palestinienne que maintenant. Il fait obligation à la direction palestinienne de ne pas céder aux pressions d'Israël et de ses alliés, mais au contraire de les contrer en leur opposant les principes que ceux-ci sont censés défendre à travers le monde.

Celui, en premier, du droit des peuples à lutter pacifiquement contre l'oppression et la colonisation. Une intifada populaire dans cet esprit et sous cette forme serait la plus décisive démonstration de la détermination palestinienne à faire bouger les lignes dans le confit qui les oppose à l'Etat sioniste. C'est ce qu'a compris, du fond de sa prison israélienne, Mohamed Barghouti, l'emblématique et charismatique combattant de la cause palestinienne, qui ne cesse d'appeler à son éclosion. L'intifada pacifique signifiera que le printemps arabe ne s'arrête pas aux frontières arbitrairement délimitées par la force militaire de l'Etat hébreu et aux murs de la honte édifiés par lui.