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Investissement et longue chaîne d'exécution

par Abdou BENABBOU

Point nodal et névralgique pour le présent et le futur du pays, la question de la nécessaire prise en charge du problème de l'investissement est dans une permanente actualité. Depuis des lustres, l'Etat n'a pas cessé de modeler et de remodeler la législation soumise en permanence aux empreintes des conjonctures et parfois à la direction des vents contraires sans qu'un cap résolument tracé soit définitivement fixé. C'est qu'il est impératif de convenir une bonne fois pour toutes que l'investissement, pour une issue heureuse, profitable et heureuse pour tous, ne peut se circonscrire et se reposer sur une seule et étroite dimension économique et qu'il n'est pas uniquement une affaire d'un tricotage d'une législation tombée d'en haut.

De nombreuses lois, dans ce domaine, aussi percutantes les unes que les autres avaient été initiées par différents gouvernements algériens et la majorité des investisseurs ont applaudi aux multiples aides et faveurs dont ils avaient bénéficié. Mais il est prêté à croire que l'importante nature et la dimension humaine n'ont pas été estimées à leur juste valeur, parfois mises entre parenthèses car il a été difficile d'en appréhender la profondeur et d'en constituer le socle de la réussite.

Un président de la République, quelle que soit la hardiesse des gouvernements, leurs efforts et leurs engagements s'avéreraient victimes d'atrophies si l'ensemble de la chaîne humaine d'exécution, du sommet à la base, n'intègre pas totalement, et sans faille aucune, la dynamique des politiques mises en place. Un simple et anonyme agent administratif peut mettre à plat par son indolence et son mauvais esprit le génie et la hardiesse des sains états-majors décideurs et rendre caduques les plus belles des législations.

Dans la précipitation et avec des mots en l'air on accuse la bureaucratie et la corruption, alors qu'en Algérie, et peut-être ailleurs, les disfonctionnements qui contrarient la marche vers le progrès répondent à un phénomène plus large. Dans le domaine de l'investissement comme dans tous les autres, il doit être d'abord question de valeur et de compétence humaine en charge de la plus simple des exécutions.

La parade pour le moment ? Dans un monde totalement bouleversé par des gangrènes multiples, on ne sait plus si les appels aux patriotismes sont encore opportuns. En attendant, il suffira sans doute de trouver le moyen efficace de tordre le cou à tous ceux dans la longue chaîne de l'exécution ne voient pas en un investisseur honnête et sain un digne bâtisseur du pays.