Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Plaies, litanies et génie

par Abdou BENABBOU

Devra-t-on toujours nous adosser aux sacro-saints méfaits de la colonisation pour justifier nos carences et nos insuffisances ? Nos arguments ne s'arrêtent qu'à l'étalage d'une fierté serinée et abus verbal, d'avoir recouvré une souveraineté sauf qu'elle ne recèle aucune perspective d'un prolongement actif vers un progrès conséquent. A notre image, de nombreux pays semblent s'être décidés à se garer dans une aire d'attente, sinon ils empruntent avec une inconscience affirmée les tangentes tortueuses d'une existence miséreuse et terriblement malheureuse. D'autres, peu nombreux certes, ayant souffert le martyre dans leurs corps et dans leurs âmes, au cours du parcours de leurs Histoires, ont trouvé les ressorts nécessaires pour se mettre au diapason d'un monde qui évolue.

Certains malgré leur pauvreté et leur manque de ressources naturelles ont pu démontrer leur génie. Le Vietnam, la Malaisie et Singapour sont des exemples d'une hardiesse humaine qui a su mettre le cap sur un futur prometteur et bienheureux. Leurs recettes pour concrétiser leurs démarches n'ont reposé ni sur le legs de capacités industrielles connues, ni sur la disponibilité de savants et de grands chercheurs avérés. Le travail, l'effort et l'humilité ont été les seules armes pour nouer avec le mieux-être et la sérénité. Leur force a été de s'éloigner de la litanie des pleurs sur des plaies historiques quand bien même encore béantes et des fanfaronnades non rémunérées. Avec une évidence prenante, le menu de leurs nourritures nationales est d'une simplicité mordante. L'anoblissement de la sueur, la discipline et la culture de l'intelligence ont été leurs uniques atouts.

Le Camerounais, le Togolais, le Béninois ou l'Algérien ne sont pas plus bêtes ni plus intelligents que le Suisse, le Belge, le Français ou le Finlandais. Mieux et en diverses circonstances ces Africains ont pu démontrer un génie inné. Pourtant circonscrits dans de bloquants périmètres réduits, ils n'ont pas eu besoin de fruits des richesses minières ni de générosités bancaires pour étaler leur savoir-faire et des trouvailles inouïes.

Bien sûr, il sera toujours question de bonnes et de mauvaises gouvernances, mais il sera toujours affirmé qu'un pays est immanquablement à l'image de ses hommes et de sa population.