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LA FIN D'UN PARCOURS

par Abdou BENABBOU

La fissure de ce qui reste du système politique continue et quelques-uns de ses socles sont au cœur d'un séisme. C'est en somme l'incontournable loi de la nature qui reprend ses droits, confirmant comme toujours que chaque nature vivante naît, s'élève, se concilie un moment avec le temps puis flétrit, dépérit et meurt immanquablement. Les hommes et les partis politiques n'échappent pas à cette règle et ceci est d'autant plus vrai et plus rapide quand leurs consistances ont des teneurs dévoyées.

Le président du RND est en prison. L'ancien secrétaire général du FLN l'a suivi. Ils ne sont pas incarcérés pour des griefs politiques mais pour des motifs infamants. Plus que la mise sous mandat de dépôt de ces deux hommes, c'est la traduction d'un symbole qui en émane annonçant la forte flétrissure de deux partis hier encore guides et acteurs obligés et impliqués totalement dans la déconfiture du pays. Tout ce qui se bricole dans l'ombre avec de la paille dépérit rapidement et les justifications des conjonctures ne tiennent qu'un temps.

L'empoignade des remous qui secouent ces deux partis depuis des mois n'est pas le résultat de chamaillades entre des acteurs dont les ambitions reposent à la vérité sur du vent. Elle est signe d'une fin de parcours historique annoncée par une société qui tend à tout bouleverser. Toute la classe politique en voie d'extinction est sommée de revoir sa copie.

Libérés de leurs chaînes, les Algériens eux aussi n'échappent pas à la fâcherie d'avec le classicisme et l'inopérante culture politique d'un temps désormais révolu. Comme dans d'autres contrées le terrain politique opère une profonde mue. Le bon et le mauvais s'installent.

Cette autre révolution naissante à peine perceptible va ouvrir au peuple algérien la porte du libre arbitre pour une initiation à la responsabilité du choix des urnes. L'étape est cruciale et délicate tant il est vrai qu'enfourchant deux montures civilisationnelles en même temps, la société algérienne est encore à la recherche d'une âme qui soit définitivement sienne. Le danger est qu'elle soit, elle aussi, comme d'autres, tentée d'aller vers des choix extrêmes.