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Mise au point

par Moncef Wafi

Il n'y aura pas de coup d'Etat contre Bouteflika. L'armée a opposé brutalement une fin de non-recevoir aux appels pour la destitution du chef de l'Etat pour incapacité à exercer ses pleines fonctions à la tête du pays. Dans un contexte de contestation et d'appels à l'application de l'article 102 de la Constitution pour la déposition de Bouteflika, des voix se sont élevées pour demander l'implication de l'armée dans la vie politique. La grande muette a répondu tout comme le Sénat et le Parlement.

Il est clair que le président de la République ne partira pas et naïf celui qui a cru penser un moment au contraire. Demander à l'armée d'intervenir, c'est l'appeler à un putsch en bonne et due forme alors qu'il aurait été plus judicieux de s'intéresser à d'autres moyens moins hypothétiques. Le drame en Algérie réside dans cette étroitesse de vue qui ne prête qu'aux riches pour essayer de changer les choses alors que le premier et le dernier concerné reste le peuple. Ce fossé existant entre une classe élitiste d'intellectuels et d'universitaires et le reste du «ghachi», pour paraphraser Boukrouh, est à lui seul un frein à tout élan de changement dans la continuité. De Benflis au dernier appel des universitaires et d'intellectuels algériens pour l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, on n'est que dans le constat.

Stérile ou pas, le poids des mots n'a plus la même valeur aujourd'hui et en l'absence d'actes forts de l'opposition et des syndicats autonomes, il serait illusoire de croire que le salut du pays vienne d'en haut. La situation est telle qu'il est urgent de changer de mentalité et de stratégie parce que l'Algérie continue de sombrer. Les dernières mesures prises par le gouvernement de recourir à la planche à billets et de revenir au premier cahier des charges pour le montage des véhicules sont l'expression parfaite et fatale d'une fuite en avant juste pour gagner du temps. Boukrouh qui a interpellé l'armée en a eu pour son grade mais pensait-il réellement, lui et les autres, que l'institution militaire serait la solution aux problèmes de l'Algérie ? A-t-on oublié aussi vite les leçons de 1991 ? L'armée «républicaine» doit être au-dessus des querelles politiciennes et des visées personnelles mais elle doit aussi être la garante de la stabilité du pays et le rempart contre les traîtres qui veulent le vendre. Qui l'ont déjà vendu. Point à la ligne.