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Al Qods, la cause perdue des arabo-musulmans

par Moncef Wafi

La Palestine, ou Al Qods plus précisément, puisqu'il s'agit et s'est toujours agi du troisième Lieu saint de l'Islam, est au cœur de toutes les attentions. Non pas celle des Arabes tournée exclusivement vers leurs querelles de bas-ventre et d'à-plat-ventrisme devant leur nouveau maître à la moumoute orange bizarroïde, mais d'une poignée d'irréductibles d'Al Mourabitoune, littéralement les sentinelles de l'esplanade d'Al Qods.

Depuis l'attentat qui a permis d'abattre deux policiers sionistes et ses conséquences directes avec l'installation de détecteurs de métaux aux entrées de la mosquée, les prémices d'une nouvelle Intifada font leur lit. Al Qods, depuis l'interdiction, le 8 septembre 2015, par Israël de ce groupe de fidèles musulmans, est soumise aux relents colonio-religieux des extrémistes juifs. Hier, des centaines de Palestiniens se sont donné rendez-vous à Al Qods pour une prière du vendredi de la colère. L'objectif est de dire que nous sommes là pour défendre l'un des symboles de l'Islam envers et contre la traîtrise des Arabes et de leurs régimes séculaires corrompus, gardés sous perfusion par les démocraties occidentales, française et américaine en tête de casting.

Si l'image d'un Mahmoud Abbas, à la tête d'une autorité palestinienne plus proche du Knesset que de son peuple, et d'un Hamas, à Ghaza, plombé par ses accointances idéologiques, ont relégué la cause palestinienne au rang des «cold cases», Al Qods pourrait être le dénominateur commun qui manque tant pour raviver la flamme de la révolution et de la virilité arabe. On peut toujours rêver surtout que cette virilité a été castrée par Lawrence d'Arabie, le premier James Bond de Sa Majesté, qui, en fédérant les tribus bédouines, a jeté les fondamentaux d'un Etat vassal qui s'est largement asservi au long terme pour la pérennité des émirs et rois d'apparat. Le protectorat s'est mué en féodalisme qui a donné naissance au règne des Al.

Les Arabes de par leur compromission et leur servitude à leur tuteur américain ont hypothéqué la cause commune de leur religion. Certes, l'intitulé est séduisant, cependant cette proximité voulue et professée de l'islam avec l'ethnie est sa plus grande faiblesse. Un talon d'Achille vissé au corps d'un malade agonisant rongé par la division et les traîtrises. La réalité est que les arabo-musulmans ont perdu Al Qods. A vrai dire, ils n'ont que faire de cette cause, eux qui dépensent des milliards de dollars en armes pour s'épier, se surveiller et se mettre plein la tronche. Et dans tout cela, Israël reste le plus grand vainqueur moral et physique se permettant même le luxe de voir les bédouins du désert combattre son plus grand ennemi, le Hezbollah libanais. Le challenge n'était pas difficile en lui-même devant l'indécrottable lâcheté des arabo-musulmans. De là à libérer Al Qods, bonne nuit !