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Le tourisme, une priorité pas nationale

par Moncef Wafi

Un peu partout sur les côtes d'Algérie, les estivants se heurtent à l'incapacité des pouvoirs publics à réguler un espace, public par excellence. Si la plage n'appartient à personne, son accès devient parfois un luxe payant? sous la contrainte. Alors que le ministre de l'Intérieur se montrait rassurant, il y a à peine une semaine, sur la gratuité des plages, les Algériens sont estomaqués de payer une dîme à des énergumènes armés de gourdins, allant de 100 à 200 dinars, pour pouvoir stationner aux abords des plages.

Bedoui a été on ne peut plus clair sur cette question, responsabilisant des collectivités locales défaillantes et complices. Même le phénomène des solariums n'a pas disparu, malgré toutes les promesses, puisqu'on a signalé une bagarre rangée entre des estivants et des plagistes autoproclamés sur une plage de Skikda. Cette récurrence du problème conjuguée au manque d'hygiène, à l'insalubrité environnementale, à l'incivisme populaire, aux prix prohibitifs de la location et la médiocrité des services ont poussé les Algériens à chercher ailleurs, particulièrement en Tunisie.

Evoquer des vacances en Algérie, c'est aborder le dossier épineux du tourisme domestique qui souffre de son statut mineur dans la priorité nationale. Comment, en effet, expliquer que jusqu'à maintenant on n'ait pas encore désigné de ministre de tutelle alors que tous les discours lénifiants convergent vers une redynamisation d'un secteur clé censé être l'une des nouvelles locomotives de l'économie ? Avec tous ces travers, on s'interroge encore sur l'absence des touristes étrangers qui préfèrent plutôt la Tunisie, malgré les données sécuritaires, et le Maroc pour ne citer que nos voisins proches. Le tourisme, véritable planche à devises, si cela se trouve, souffre de son encadrement, du choix des hommes qui doivent veiller à son essor et d'un manque de visibilité managériale à moyen et long termes.

A chaque remaniement ministériel, le département du Tourisme est le premier touché comme s'il n'était qu'une quantité négligeable dans un pays qui tourne au diesel. Le cas des solariums et de la gratuité des plages passe pour anecdotique devant l'immense gâchis généré par des années de gabegie et de dilapidation des richesses naturelles et sites archéologiques, pendants d'un tourisme multidimensionnel. Malheureusement, il n'est pas dit que la situation va s'améliorer, pire, les Algériens assistent, impuissants et impassibles, à une véritable mainmise d'une faune de prédateurs sur le sable et le soleil.