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Mission impossible pour le triumvirat ?

par Moncef Wafi

Quelle solution pour le conflit libyen? Ou plutôt existe-t-il une solution au bourbier libyen qui risque de se compliquer davantage avec l'implication d'acteurs étrangers, importés par les uns et les autres, sous couvert de lutte contre le terrorisme ou sous le sceau de la légitimité internationale ? Ce qui se passe en Libye ressemble fort au cas syrien où l'impossibilité de trouver une solution pacifique au conflit arrange nombre d'agendas de puissances étrangères.

Dans cette optique, les chefs de la diplomatie tunisienne, algérienne et égyptienne se réunissent aujourd'hui à Tunis sous le thème générique de discuter des moyens de mettre fin à la crise en Libye à travers «une solution politique consensuelle». Difficile est cette mission de pays directement impactés par l'insécurité de leurs frontières respectives avec la Libye et qui n'ont d'autres alternatives que de contribuer à un retour au silence des armes et à la réconciliation interlibyenne. Tâche ardue pour ne pas dire insurmontable en l'état des choses puisque deux hommes, forts de leurs arguments respectifs, tiennent entre leurs mains le destin de tout un peuple et partant de la région entière. Le chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, d'un côté, et un gouvernement contrôlant l'Est libyen basé à Al-Bayda qui soutient le maréchal Khalifa Haftar, de l'autre.

Deux hommes mais surtout deux parrains qui ne reculeront devant rien pour ne pas perdre leurs privilèges et leur mainmise sur le pays. Sarraj, le protégé de l'Otan qui a légitimité toute action militaire des Occidentaux, et Haftar, soutenu par des monarchies du Golfe. Et dans tout ce magma on oublie jusqu'à l'existence des troupes de Daech, principal alibi de l'intervention des Américains et des forces spéciales européennes en Libye. L'objectif avoué de la rencontre d'aujourd'hui de tenter de «rassembler les dirigeants rivaux autour de la table du dialogue» reste néanmoins une louable et inaccessible initiative tant les deux parties campent sur leurs positions.

La tentative malheureuse du Caire de les réunir avant ce rendez-vous de Tunis augure de lendemains incertains pour la Libye. Et ce n'est certainement pas l'intrusion maladroite d'un Ghannouchi dans le dossier qui règlera les différends. Reste à savoir maintenant le nombre de pas que les deux hommes voudront bien concéder l'un à l'autre pour espérer une solution à même de pacifier tout un pays. Mais est-ce vraiment le but recherché des puissances étrangères qui cherchent à confiner la région dans une instabilité chronique ?