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L'opposition, cette illusion politique

par Moncef Wafi

Les législatives ont fait leur première victime collatérale : l'opposition regroupée dans l'ISCO, un acronyme, véritable réceptacle des voix de l'opposition depuis 2014. Une implosion attendue et une fin de mission actée par ceux qui prônent le boycott des élections qui ont déclaré que «l'ISCO, c'est fini !», le parti de Benflis étant le seul à se démarquer de cette décision. Que reste-t-il de la plate-forme de Mazafran, considérée alors comme une charte de l'opposition, dont le coup de grâce a été porté par la participation de ses membres aux prochaines échéances électorales ?

Si des voix de l'intérieur affirment que l'Instance n'était qu'un lieu de rencontres entre gens de bonne famille, son acte de décès est le bienvenu dans l'optique de chasser les derniers doutes sur la viabilité et la pertinence de l'opposition dans notre pays. En effet, cette structure donnait l'illusion d'une force d'opposition au pouvoir en place organisée autour d'un projet de société, limitant ou interdisant de fait toute autre alternative pour lancer un chantier d'idées et de réflexion autour du rôle et de la place de l'opposition dans le paysage politique national.

Ceux qui pensaient réellement que le citoyen accordait un quelconque crédit à cette Instance en sont pour leurs frais pas parce qu'il ne croit pas en l'opposition en tant que courant politique mais aux hommes et aux partis qui la représentent. Que ce soit les hommes du pouvoir, de ses satellites ou des figures dites de l'opposition, les Algériens ont cette nette et fâcheuse impression d'assister à un sempiternel défilé des mêmes CV, des mêmes têtes depuis 20 ans et plus. Si les prénoms changent, les noms de famille restent, recyclables à souhait. Si les hommes meurent, des profils identiques les remplacent dans un immuable et mortel statu quo.

Des deux côtés des tranchées, on assiste à un partage des rôles, à des échanges de fauteuil. Hier au sein de l'Etat. Aujourd'hui en face à dénoncer le système et ses travers, à jouer à l'opposant sans peur ni reproche. Demain, retour d'ascenseur et un fauteuil bien au chaud et une retraite dorée assurée. Pour certains, le passage par l'opposition est un tremplin pour s'assurer une place au soleil, un militantisme au chantage et une voix à vendre. Tant que cette opposition charrie les mêmes réflexes de ceux qu'elle combat, les Algériens la regarderont comme ils regardent les symboles du système. Sauf qu'elle, elle n'a pas de subvention à proposer.