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Le prix fort

par Moncef Wafi

Un petit suspense, c'est tout ce qu'ont gagné les Algériens croyant fermement que le chef de l'Etat allait s'opposer ou du moins revoir certaines dispositions du projet de loi de finances 2017. On avait entendu quelques bruits, çà et là, sur la colère du président découvrant les augmentations tous azimuts promises aux Algériens mais en fin de parcours la réalité est amère et la pilule difficile à avaler. Difficile ne serait pas le terme propre à utiliser puisqu'on est dans une configuration où les Algériens se retrouvent otages d'un système qui a failli et qui leur fait payer le prix fort au lieu de reconnaître ses torts.

Si l'Algérie est en crise, son gouvernement doit être de circonstance. Un cabinet restreint de compétences avérées qui doit avoir les coudées franches pour sortir le pays de cette impasse et ne pas se contenter uniquement d'augmenter les taxes et les prix pour combler un déficit creusé par des décisions économiques inconsidérées. Les prochaines augmentations qui attendent les Algériens vont ébranler ce qui reste d'une paix sociale chèrement payée depuis des années et précipiter les couches déjà fragilisées à la rue. Le relèvement de la TVA qui se répercutera sur l'ensemble des prestations de service, la nouvelle hausse du carburant, des taxes sur l'immobilier, le marché des voitures d'occasion sont annoncés comme acquis connaissant l'aptitude de nos députés à lever la main. Ces augmentations toucheront par ricochet les couches défavorisées censées être protégées comme l'avait promis Bouteflika.

En augmentant le prix du carburant, des taxes sur les pneus, ce sont les prix du transport qui seront directement impactés. L'histoire du passeport est également symptomatique de la direction qu'est en train de prendre le pays sur la voie d'un libéralisme sauvage et dangereux. Ainsi, si vous payez 45.000 DA vous aurez un passeport biométrique de 48 pages, sinon un document de voyage de seulement 28 pages contre le paiement d'un timbre de 25.000 DA. La loi ne précise pas comment faire si on pointe au Smig. Si ces pratiques ne choquent pas ailleurs, il faut nous le dire une fois pour toutes que l'Algérie est devenue un pays libéral. La seule alternative qui reste est l'implication personnelle de Bouteflika sur qui les Algériens comptent toujours.