Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Quand l'Opep trinque

par Moncef Wafi

Le marché pétrolier se tourne désormais vers Alger et la réunion informelle des pays producteurs de pétrole, membres et non membres de l'Opep. Le marché mais aussi l'ensemble des Etats du cartel et des grands producteurs de l'or noir que sont la Russie et les Etats-Unis d'Amérique qui estiment, à juste titre, que ce rendez-vous pourrait conditionner, sur des années, l'avenir des prix du baril.

Entre optimisme mesuré et scepticisme argumenté, entre déclarations de bonne intention et realpolitik, les prix sont soumis plus à des impératifs politiques qu'à de véritables paramètres économiques. Sans tomber dans l'exagération, le marché pétrolier est plus versatile au courant d'air irano-saoudien et aux éternuements russes et irakiens qu'aux données purement techniques d'une croissance venue de l'Asie. C'est dire que les éléments d'un marché classique sont perpétuellement assujettis à des soubresauts géostratégiques impliquant le bras de fer entre Téhéran et Riyad ainsi que les conflits armés en Irak, Syrie ou encore la Libye. Et c'est sur ces incertitudes que va tourner la réunion d'Alger considérée, à tort ou à raison, comme étant celle de la dernière chance pour voir le marché évoluer dans le sens voulu par l'Opep. Et ces perspectives d'embellie des prix passent indubitablement par le gel de la production, premier enjeu de taille de ces retrouvailles.

Pour l'expert en énergie, Abdelmadjid Attar, un éventuel accord ferait augmenter les prix à 60 dollars à partir de 2017. L'ancien P-dg de Sonatrach se montre assez confiant estimant que les signaux sont positifs et suggèrent un minimum syndical pour les pays de l'Opep. Au-delà de l'entente sur le gel, c'est le respect de l'accord en lui-même qui reste le seul garant des prix. Un seuil minimal qui arrange les affaires de pas mal de pays producteurs à commencer par l'Algérie qui table sur un baril à 60 dollars pour mieux respirer. En effet, et de Téhéran, le ministre algérien de l'Energie a été clair à ce propos affirmant que les pays du cartel «exigent des prix du pétrole se situant entre 50 et 60 dollars» alors que la mercuriale actuelle n'est pas acceptable. C'est dire si l'enjeu est crucial et qu'Alger joue gros sur ce coup-là.

Cette perspective de trouver un accord explique peut-être l'approche de la diplomatie algérienne avec ses différents démêlés avec l'Arabie Saoudite évitant d'envenimer les relations malgré la bellicosité de Riyad. Cette politique sera-t-elle suffisante pour trouver un terrain d'entente entre l'Iran et les wahhabites ? C'est ce que les invités d'Alger espèrent le plus.