Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une histoire de factures

par Moncef Wafi

La question des prix de l'électricité ressemble à s'y méprendre au tout premier couac du fraîchement nommé ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa. En effet, l'ancien P-dg de Sonelgaz, fervent militant de la «vérité des prix» et qui n'a eu de cesse de revendiquer une nouvelle augmentation des factures de l'électricité et du gaz, a été vite rattrapé par la patrouille après avoir annoncé l'imminence d'une telle mesure. En effet, et dans ses premières déclarations à la presse nationale, il a jugé «inévitable» la hausse des tarifs de l'électricité et du gaz pour permettre au groupe Sonelgaz de poursuivre ses investissements et d'assurer la continuité du service public.

Une déclaration mal à propos dans une conjecture sociale difficile impactée par la suppression de la retraite anticipée. Une nouvelle augmentation aurait été perçue comme une provocation, une de plus, et aurait fait braquer les Algériens de plus en plus méfiants vis-à-vis du gouvernement Sellal. Bouterfa aurait donc été rappelé à l'ordre et obligé de faire marche arrière sur cette question. Ce mardi, il a ainsi exclu toute augmentation de l'électricité, du gaz et du carburant, au moins pour cette année. «Une hausse des prix des produits énergétiques est complètement exclue pour cette année 2016», a-t-il affirmé. Un répit de courte durée, mais un répit pour les bourses moyennes déjà sérieusement ébranlées par les hausses du début d'année et les perspectives d'un été chaud et d'une rentrée sociale bouillante.

Bouterfa semble découvrir que la loi interdit aux entreprises nationales de relever le prix de leurs produits plus d'une fois dans l'année alors qu'il a, à chaque occasion, rappelé l'urgence à augmenter les tarifs pour la viabilité de sa compagnie. Qu'en sera-t-il pour la seconde priorité de Bouterfa ? Le recours à l'endettement extérieur connaîtra-t-il le même sort que celui des prix ? La question qui n'est toujours pas tranchée au niveau du gouvernement risque fort bien de se retourner contre le nouvel arrivant pour peu que l'option, défendue par Chakib Khelil, ne soit pas perçue comme une priorité nationale.

On se rappelle que son prédécesseur avait émis la même suggestion avant d'être repris par Sellal d'où le lancement de l'emprunt obligataire. Si cette formule échoue, l'une des causes du limogeage de Benkhalfa, l'Algérie sera obligée de se rabattre sur les dettes à l'étranger en privilégiant certainement la piste chinoise. Cette maladresse dans la communication de Bouterfa n'est pas exclusive puisque des ministres avant lui l'ont vécue à leurs dépens.