Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un constat d'échec

par Moncef Wafi

Avec l'obligation du départ à la retraite à l'âge de 60 ans, la décision phare, s'il s'en trouve, de la dernière tripartite est avant tout un constat d'échec d'un modèle économique et d'une politique de gouvernance dont les Algériens payent et vont payer le prix fort. Au prétexte que la Caisse nationale de la retraite est au rouge et que les départs anticipés sont un manque à cotisations, le gouvernement a décidé de supprimer la retraite sans motif et sans condition d'âge.

Un coup dur aux acquis des travailleurs algériens dénoncé par des syndicats sectoriels mais béni, comme il fallait s'y attendre, par l'UGTA. Pourtant, la Centrale syndicale est l'instigatrice de la retraite anticipée, proposée alors en 1997. Les réactions des uns et des autres contrastent suivant le degré de l'implication. Des syndicats issus de l'éducation nationale sont montés au créneau pour revendiquer un droit à la différence de traitement. Les arguments se tiennent, défendus par leurs militants mais l'intransigeance du gouvernement, lorsqu'il s'agit de prendre des mesures impopulaires, ne fait plus aucun secret.

Des sources syndicales évoqueront le travail des enseignants qui au-delà d'un certain âge n'est plus fructueux comme pour défendre leur chapelle. Certains d'autres relativiseront en voyant dans cette décision une victoire sur le patronat qui n'a pas hésité à surenchérir en affirmant, quelques heures avant le début des travaux de la tripartite, que l'âge de départ à la retraite sera fixé à 65 ans. Les optimistes diront que Sellal a pris le dessus sur Haddad alors que d'autres affirmeront que le gouvernement, le patronat et Sidi Saïd étaient de mèche pour faire passer plus subtilement la pilule en jouant au bon et au méchant flic.

Quoi qu'il en soit, l'Algérien a ce sentiment trouble mais de plus en plus visible qu'il est le premier à payer pour les erreurs de casting d'un gouvernement qui ne sait plus que ponctionner les salaires, à travers l'emprunt obligataire, augmenter les prix du carburant et de l'électricité et réfléchir à de nouvelles hausses au lieu de prendre des mesures salvatrices en stoppant le gaspillage institutionnalisé, en revoyant à la baisse les salaires des ministres, des députés et des sénateurs. En exigeant plus de transparence dans les comptes de l'Etat et en insistant sur les compétences nationales chassées hors du pays par le népotisme et le clientélisme. L'Algérie n'a pas besoin de plus d'austérité ni de nouvelles taxes pour casser le dos du citoyen mais d'un Etat fort de ses hommes, capables et responsables, mettant l'intérêt suprême de la Nation au-dessus de tous les intérêts personnels et claniques.