Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Course contre le temps

par Moncef Wafi

Comme pour répondre aux velléités guerrières de l'Otan, l'Onu s'active en coulisses pour trouver une solution politique à la crise libyenne. Présent hier à Alger, Martin Kobler, le représentant spécial de Ban Ki-moon pour la Libye, n'a rien apporté de nouveau, se contentant d'enfoncer des portes déjà grandes ouvertes. En appelant de nouveau à une concertation et un soutien international pour avancer dans le dossier, l'Onu semble faire du surplace alors que la situation en interne se détériore à l'ombre menaçante des hommes de Daech qui s'activent de plus en plus, friands de nouveaux territoires et à la recherche de nouvelles sources de financement de leur guerre totale.

Pour cela, Kobler compte sur le poids régional de l'Algérie pour relancer le processus politique à travers la consécration d'un gouvernement d'unité nationale installé impérativement à Tripoli. Une exigence onusienne pour donner une légitimité nationale et internationale au gouvernement. L'Onu, l'Union africaine (UA) et l'Algérie savent très bien qu'elles jouent contre le temps et la coalition militaire internationale, forte de 6.000 soldats, dont des forces spéciales britanniques, des Marines américains, des soldats français et probablement des troupes arabes, menée par l'Italie, qui est sur le pied de guerre pour intervenir dans un premier temps dans le ciel libyen et bombarder les hommes d'El Baghdadi qui menacent de plus en plus les terminaux pétroliers.

L'intensification des efforts diplomatiques a aussi pour but de donner une dernière chance à la Libye d'avoir enfin un gouvernement unifié alors que la composante de celui de Fayez al-Sarraj a été rejetée par le Parlement libyen contrôlé par les milices islamistes. L'homme de Ban Ki-moon a également applaudi à l'initiative de l'UA de désigner un groupe de cinq chefs d'Etat pour aider à la formation de ce gouvernement consensuel dont la survie même est menacée par une éventuelle intervention militaire de l'Otan. La menace directe des champs pétroliers a fait réagir l'Europe et Washington qui ont décidé d'abattre leur atout militaire pour empêcher Daech d'élargir les territoires qu'il contrôle et de financer ses opérations, faisant allusion aux puits de pétrole près de Ras Lanouf.

Une telle initiative si elle venait à être exécutée risque de mettre à mal l'Algérie dont les frontières Est sont suffisamment mises sous pression par les groupes terroristes venus de Libye. Malgré le renforcement de son dispositif sécuritaire tout au long de ses frontières, l'Algérie devra faire face à un afflux sans précédent des hommes de Daech et d'Aqmi qui se rabattront sur l'Algérie pour fuir les bombardements des avions de l'Otan. Et c'est particulièrement pour ne pas vivre ce cas de figure qu'Alger joue à fond la carte de la solution politique interne pour pacifier le front Est avant que les unités combattantes sous le commandement d'un seul gouvernement ne mette fin à la présence de Daech sur ses terres.