Deux parallèles conséquentes viennent d'être tracées. Les services du renseignement ont changé de veste et la Constitution a été reconfigurée. Il ne s'agit pas de faire la fine bouche sur ces deux légers coups d'épée qui aux yeux du pouvoir seraient des fondamentaux pour revenir à des normes saines d'une gouvernance jusqu'ici déglinguée. En vérité, l'impératif ne tient pas à la qualité des instruments pour gouverner mais à la nature et à l'esprit de ceux qui les manipulent.

La tâche est ardue et elle n'est pas simple. Il est évident que l'amorce a été dévoyée dès la prise en charge de la souveraineté nationale un certain juillet 62 quand la force des armes n'a pas su ou n'a pas voulu trouver une harmonie entre la marche d'un peuple qui pataugeait dans la misère pieds nus et l'implacable démarche vers le bonheur et le progrès. L'inexpérience dans la gestion des tenants des canons s'était fourvoyée avec l'air du temps pour rester bercée par une idéologie révolutionnaire douteuse. Il fallait peut-être passer par cette étape faussement mirifique. Mais oublier de tenir compte de la vraie nature humaine et faire fi de l'essence des peuples conduisent à la dégénérescence des nations.

Aujourd'hui Bouteflika s'est échiné en perdant sa santé à trouver une nouvelle recette face à un énorme gâchis. Il n'est pas certain qu'il se rende compte que de nouveaux pneus ne suffisent pas pour redémarrer un véhicule dont le moteur est sérieusement en panne.

Triturer encore une fois une loi fondamentale au gré des humeurs passagères aussi dangereuses soient-elles et prédisposer à la hussarde de frais navigateurs n'assure pas le juste tracé de l'itinéraire du peuple. Avec la crise multiforme qui sévit partout et les menaces plurielles qui enserrent le pays, il est plus que jamais question d'une mue phénoménale et globale de ce qui reste de la nation.

Plutôt que d'exiger des nouvelles générations de s'adapter à un esprit et à une idéologie bâtis sur une légitimité contestée, il est temps de comprendre qu'à l'inverse c'est au pouvoir de s'exorciser.