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LE NET RATTRAPE PAR LA CRISE

par Moncef Wafi

A en croire Azouaou Mehmel, le P-dg d'Algérie Télécoms, ce n'est pas demain la veille que les Algériens pourront disposer d'une bonne connexion à Internet. Il explique que l'amélioration des prestations de la boîte qu'il dirige dépend du renouvellement et de l'extension de son réseau mais que cela demande un financement conséquent qui risque d'être contrarié par cette fameuse crise financière qui est en train de décider du sort du pays. L'équation est simple et son résultat est connu d'avance. La connexion est et restera claudicante pour des années encore malgré toutes les promesses qu'on nous a servies à la louche. Azouaou Mehmel nous sort la crise pour justifier d'ores et déjà l'incapacité d'AT à fournir des prestations pourtant payées au prix fort. La parade a bon dos et botter en touche est devenu la meilleure réponse des dirigeants pour expliquer l'échec de leur gestion. AT n'est pas l'exception mais un cas qui illustre merveilleusement bien le rapport qu'entretiennent les sociétés nationales sous perfusion à l'exemple, entre autres, d'Air Algérie, de la Cnan ou de Sonelgaz, avec leurs clients. Une clientèle marginalisée, méprisée car, quels que soient les résultats de l'entreprise, elle est certaine que les subventions de l'Etat lui permettront de rebondir. Des critiques faites à AT, le P-dg refusera les comparaisons avec les pays voisins préférant évoquer la vaste étendue du territoire. La faute n'incombe plus à la compétence de la boîte mais à la superficie de l'Algérie, une réponse qui mettra du baume au cœur de tous les mécontents des services d'AT qui doivent espérer et attendre que le territoire du pays rapetisse. Il est grand temps, avec cette crise qu'on brandit en étendard, que ces entreprises publiques qui cristallisent la colère des Algériens soient reprises en main. Des entités budgétivores, incapables de compétitivité et qui consacrent encore et toujours le principe du monopole. Les indications d'AT sur le débit de la connexion contrastent singulièrement et désavouent même les propos rassurants de la ministre des PTIC sur le prix en baisse et le débit en hausse de la connexion en 2016. Que faire alors ? L'Etat doit exiger plus de résultats des gestionnaires qu'il nomme à la tête de ces entreprises ; qu'ils respectent un cahier des charges et une feuille de route et surtout satisfassent les Algériens. Ces entreprises ne sont pas la propriété de leurs cadres dirigeants et c'est cette mentalité d'appropriation qui doit finalement changer avant de passer à autre chose.