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LA RAISON ET L'HUMILITE

par M. Abdou BENABBOU

Trancher dans le vif est devenu inévitable et plutôt tôt que tard la pression économique sera si forte qu'il faudra se résoudre à accepter un constat imparable. Les retouches entreprises avec une frilosité décapante pour assurer une paix sociale aléatoire s'avéreront inopérantes et les chansonnettes sur une production nationale auront l'évidence du dérisoire. Le manque de savoir-faire des Algériens n'est pas une vue de l'esprit et perpétuer encore le ronronnement sur une fierté qui repose sur du vent est d'une dangerosité dont on n'évalue pas encore la vraie mesure.

On sait faire du jus de fruit et on excelle dans la mise en bouteille de l'eau minérale. On assemble bien des composants électroniques importés pour monter des tablettes et des téléviseurs et il arrive que l'on apprenne qu'ici ou là une étincelle créative s'est manifestée dans une oasis inaudible. Mais dans les nombreux chantiers la présence des colonies chinoises côtoyant celles égyptiennes et turques est bien là démontrant que la fanfaronnade du verbe est une parade stérile pourvoyeuse de chimères nécessairement avouables. L'Algérien serait incapable de construire un mur droit et la distance entre sa langue et son bras est incommensurable. Cette évidence est nue et toutes les assurances livrées par les officiels stratèges ne sont que des antidotes superficiels qui n'inscrivent pas le pays dans une démarche raisonnable et sensée capable de l'extraire de son indolence absolue faisant mine de ne pas se rendre compte que le torrent dans lequel il est transporté le voue à une fin certaine.

LA SOLUTION ? SE DEBARRASSER D'ABORD DE LA CONJUGAISON A TOUS LES TEMPS DES JEREMIADES ET BANNIR LE DEFILE INCESSANT DES GROSSES GUEULES ARMEES DE LANGUES FOURCHUES TOUT JUSTE CAPABLES DE PSALMODIER UNE LITANIE D'EXIGENCES SUPERFICIELLES AVEC DES TONNES DE «IL FAUT». L'ALGERIE A BESOIN D'UNE PHENOMENALE RECETTE PLUTOT QUE CELLE DE LA JACQUERIE DES PHRASES ET DES PETITES MAN?UVRES POLITICIENNES COUSUES DE FIL BLANC. SON LOURD ESPRIT DE SUFFISANCE MAL FAGOTE N'EXIGE PAS D'ALEATOIRES NOUVEAUX HABITS. C'EST DE LA MUE TOTALE DE L'ALGERIEN DONT IL DOIT ETRE QUESTION. C'EST DE SON RETOUR A L'ECOLE QU'IL DOIT S'AGIR. UNE ECOLE JAMAIS ERIGEE JUSQU'ICI OU LES GENERATIONS QUI VIENNENT APPRENDRONT LA LEÇON DE LA RAISON, DE L'HUMILITE ET DU PARLER VRAI.