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Le casse-tête malien

par Moncef Wafi

Rien ne semble apaiser les violences au Nord-Mali mettant en péril l'Accord d'Alger paraphé après un marathon diplomatique international mené par la diplomatie algérienne. Ceux qui pensaient qu'il existerait dorénavant un avant et un après 15 mai se sont trompés lourdement puisque le cessez-le-feu a été violé sous les assauts des hommes des milices d'autodéfense du Gatia, connues pour être proches de Bamako, et leur allié de la Plateforme.

La riposte des troupes de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) ne s'est pas fait attendre. Le contraire aurait étonné puisque la faiblesse du gouvernement central malien, tant au plan politico-économique que militaire, favorise ces flambées de violence cyclique puisque les milices étaient à l'origine des combats qui ont secoué le nord du Mali, quelques jours avant la signature de l'Accord à Bamako, après la prise de Ménaka. Tout semble écrit pour que le Mali renoue avec la violence armée laissant planer une menace permanente aux frontières sud de l'Algérie.

Si tout le monde s'accorde à condamner les responsables de cette violation du cessez-le-feu, pointant du doigt la Plateforme et ses affidés, on soupçonne ouvertement les narcotrafiquants liés étroitement aux groupes terroristes qui écument la région du Nord de tirer les ficelles. Des groupes d'intérêt, menacés par une paix durable, qui allument les feux de la guerre pour continuer leur trafic à l'abri de toute justice. Les cartels de drogue en connexion avec les groupes terroristes et les trafiquants d'armes font régner leur loi dans la région cherchant par tous les moyens à maintenir le Nord-Mali dans une zone de turbulences pour desserrer l'étreinte des forces armées françaises.

Malgré les appels de la communauté internationale et de la Minusma à un retour, sur le terrain, de la situation prévalant au moment de la signature de l'Accord, les chances d'une stabilité durable restent extrêmement fragilisées par une présence massive d'armes des deux côtés. La solution serait d'exiger le désarmement total des belligérants et la présence d'une force militaire, autre que la Minusma, mandatée par l'ONU pour faire la police dans la région. Alger, qui ne peut pas construire de murs à ses frontières, a tout intérêt à ce que le Nord malien soit pacifié durablement pour ne plus mobiliser ses troupes dans cette zone et les envoyer en renfort aux frontières libyennes. L'Algérie doit voir d'un mauvais œil ces troubles fomentées, dit-on, par Bamako pour ne pas se conformer aux clauses de l'Accord malien.