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Il
aura fallu que les effluves dégoûtants et les pestilences insupportables d'un
grand hôpital algérien soient sentis à Alger pour que le discours classique sur
une décision d'engager une enquête judiciaire se remette dans les bouches de
ceux qui régentent notre vie. Il s'agit plus d'un état d'esprit que
d'incompétence que cette manie de réagir par à-coups face aux monstrueuses
plaies qui gangrènent la société. L'idée retenue sur la prise en charge d'une
responsabilité nationale n'est pas celle de se mettre au service du pays mais
de n'en retenir que l'abus de hardiesse exigée pour que des populations
entières soient mises à ses pieds. Qu'un wali promu ministre un temps et
redevienne ensuite wali est dans l'ordre d'une disponibilité déraisonnée quitte
à piétiner l'honneur et une juste raison d'être. Il répond à cet esprit
dévergondé qui éclaire sur le profil des acteurs politiques enclins à marcher
sur les corps de leurs mères sans vergogne. Il est vrai que seuls la moustache
et le pantalon suffisent aujourd'hui à faire d'un faux prophète un homme
assumé.
Le temps, les normes et la culture ont fini par se livrer aux pique-marmites de guerre lasse parce que le choix des hommes est fait sur la base de l'indolence et sur le nombre démultiplié des casseroles qu'ils traînent offrant la propice prosternation devant la déraison. Peu importe le mal fondé du bien public et le partage équitable et juste de l'espace commun, le déluge n'est pas craint et les signes avant-coureurs d'une imminente catastrophe ne seraient donc avec cette logique qu'une conviction saugrenue ancrée dans le crâne des pessimistes. Fort heureusement les bonnes et mauvaises consciences ne sont pas toutes à mettre dans le même sac. Mais les plus belles dispositions de quelques intelligences butent souvent sur un obstacle d'acier, hiérarchie de blocage de petits commis en charge de lourdes responsabilités qui n'ont cure des avantages légitimes et ceux illégitimes que leur procurent leurs trocarts. Contraintes par l'urgence, les visites d'inspection ministérielles inopinées prennent alors des allures ridicules et les appels à la trahison deviennent des chansonnettes car le mal n'est pas une simple entorse aux règles élémentaires d'un savoir-vivre mais la course imbécile vers un suicide national. |
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