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Un minimum syndical politique

par Moncef Wafi

Qui croire Bouteflika et son bilan ou l'opposition et ses critiques ? Nous l'écrivions encore, hier, sur ces mêmes colonnes, chacun est dans son rôle, dans sa logique de guerre. Une guerre larvée, de tranchées, à travers les communiqués, les mises au point, les avertissements et les invectives. Sans effusion de sang mais perdant du temps sur l'urgence des réformes et de l'actualité.

Plus que jamais, l'Algérie est au carrefour de toutes les convoitises, au centre des manœuvres de déstabilisation fomentées de l'extérieur et relayées de l'intérieur par la médiocrité d'une gouvernance sans repères prêtant le flanc à une colère populaire de plus en plus menaçante. En absence d'alternatives pragmatiques, jouables et faisables à même d'éviter au pays le chaos social, le front intérieur s'effrite dangereusement alors que le danger extérieur frappe avec insistance à nos portes, s'il ne les a pas encore franchies. Si tout reste intimement lié à la bourse du pétrole, il est plus que concevable que l'Algérie n'aura plus assez d'argent pour s'acheter une paix sociale si grassement payée et risque, du jour au lendemain, de se retrouver à gérer une situation de crise, déjà là à en croire la terminologie de l'opposition.

Qu'on le veuille ou non, le pays dérange par sa stabilité et ses principes et beaucoup d'Etats «amis» voudraient et chercheraient à ce qu'il replonge dans les années de braise. Des parties œuvrent dans ce sens se reposant sur des agents de l'intérieur, prêts pour un dinar de plus à vendre père et mère. La solution ne se trouve assurément pas dans les positions jusqu'au-boutistes des uns et des autres mais dans la recherche d'un consensus national autour de l'intérêt de la Nation. De trouver un minimum syndical pour déjà commencer à discuter du présent de ce pays. Que Bouteflika décrète une présidence à vie est légitimement perçu par l'opposition comme une fin de non-recevoir à toutes ses propositions mais en absence d'un cahier de charges lisible de cette même opposition, on se dirige droit vers le précipice.

Ce qui se passe à Ghardaïa illustre magistralement cet état d'un pays ankylosé incapable de se bouger pour sauver son existence. Au lieu de circonscrire le conflit, de le résoudre, trois ans après on continue toujours de le traiter et de bricoler des solutions provisoires le temps d'un mandat ministériel. Le gouvernement aurait dû se rendre à l'évidence que ni l'option du tout sécuritaire ni celle de l'apaisement irresponsable n'ont réglé ce conflit qui a débordé hors des frontières algériennes. La tentation d'associer tout le monde, opposition et société civile, si elle existe celle-là, est grande pour essayer de voir ce que ça pourra donner. Essayer, car on ne peut pas faire pire que maintenant !