Chine, Japon, Canada, Espagne, Italie, Suisse, Portugal ! La liste des sociétés internationales impliquées au cœur du procès de l'autoroute Est-Ouest qui se tient à Alger a des contours presque onusiens et l'on se demande avec sérieux si le colossal dossier n'était pas trop lourd pour les frêles épaules du juge qui doit trancher dans cette affaire. Loin d'être une réplique de Nuremberg, il s'agit, on le sait, de corruption et les démêlés entre les inculpés et la justice ont reposé d'abord sur la nature du délit pour aboutir à la définition du crime. Superficielle empoignade judiciaire que voici qui ne tiendrait pas compte d'une culture généralisée et de procédés banalisés dans un universel gravé qui n'obéit plus qu'à la sainte loi du profit.

Qui doit prendre la défense d'acteurs économiques internationaux quand l'économie mondiale n'est pas régie par la droiture et quand les recettes des négociations d'affaires établies à tous les niveaux, y compris celui des sommets des Etats, ne s'embarrassent pas de scrupules avec la mise en avant répétitive de la raison d'Etat ? La corruption est en toutes les langues décriée et à tous les temps conjuguée.

Depuis la nuit des temps, le commerce international et les affaires n'ont jamais été des loteries ni l'art des futiles et mauvaises transgressions d'épiciers. Le troc des âmes est monnaie courante et les souverainetés se vendent et s'achètent au détail et en gros. De petits procès en petits procès à travers le monde, dosés de plaidoiries naïves, la justice de l'Homme très affaiblie se limite à privilégier les effets sans lever le couvercle sur les causes.

Sans les dédouaner, tous les inculpés ne sont que des marionnettes de pacotille car ce qui a été défini comme un crime ne doit pas préfigurer une excroissance nationale inattendue autour de malversations établies et c'est bien un mode de pratique universalisé qui doit être au banc des accusés. Sans doute parce que c'est l'humanisme qui est corrompu.