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LE SOCIALISME COCUFIE

par M. Abdou BENABBOU

La ministre de l'Education s'est dite scandalisée par l'ampleur que prennent les cours particuliers. Pourtant en dame avisée, émergeant de la base enseignante, elle n'ignore pas que l'éducation payante avance à grandes enjambées. Sans aucun hasard, son secteur vit une mue silencieuse comparable à celle qui empoigne lentement et doucement un autre secteur aussi névralgique. Il est prouvé aujourd'hui que la médecine gratuite a vécu ses fausses heures de gloire et la population sait maintenant à quels nouveaux saints il va falloir se vouer pour bien préserver sa santé. La gratuité des soins n'a plus de gratuit que le virtuel des prononcés et tout porte à croire que l'école algérienne malmenée et désabusée est contrainte de suivre le même itinéraire.

Faut-il se réjouir de ces lentes et profondes révolutions parallèles et applaudir au socialisme cocufié ? Pris entre le marteau et l'enclume, la réponse n'est pas aisée pour le commun des mortels car l'éducation comme la santé sont d'importants piliers de la société et à travers elles c'est de l'ensemble des articulations qui les régissent dont il doit être question.

L'Algérie a entrouvert ses portes à un libéralisme au visage mal éclairé ne sachant pas trop à quel versant il fallait s'adosser prêchant souvent une démarche et son contraire.

L'implacable nature humaine imprime ses règles et elle est en passe de rire au nez de toutes les idéologies confondues mettant à mal les recettes politiques et sociales en les rendant incongrues.

D'autres désagréments imparables et de mises à niveau avec la marche du nouveau monde vont provoquer de nouvelles et fatidiques moues. Il n'est pas écarté que des grands symboles de solidarité et de communion comme le pain, le lait, le carburant ou l'huile soient inévitablement contrariés.

Moue pour moue, plutôt que de feindre d'être choquée par le phénomène des cours particuliers, madame la Ministre serait bien avisée de prendre connaissance de la liste des enfants algériens inscrits à l'école française d'Alger et de se renseigner sur ceux qui ont bénéficié de bourses à l'étranger.