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LA DICTATURE DES RUES

par M. Abdou BENABBOU

Le Larousse donne une définition vague de la dictature. Il se contente d'indiquer que c'est un pouvoir absolu sans s'encombrer des parures que peut porter un tel mot puisqu'il n'a pas vocation à trop traîner devant les tentacules des termes et de leur profondeur au cœur de la société. La sécheresse ou la richesse des mots n'ont de valeur que par l'utilisation que l'on en fait. On les travestit ou on les anoblit en fonction des vérités fabriquées et des théories investies. Leurs universalités sont souvent en contradiction avec les actes censés les accompagner.

La dictature est prétendue souvent rigueur implacable pour réguler et ordonner une communauté. Mais ceux investis du pouvoir suprême, y compris les plus sincères, oublient toujours qu'ils sont soumis à déléguer leur diktat à des acteurs subalternes qui s'accaparent d'un héritage pour en faire parfois un monnayage des plus bas.

Le détournement des lois pour des intérêts égoïstes très particuliers fait des ravages et leur diktat manipulé érige une dictature des rues plus large pour que les décisions politiques voulues heureuses au bénéfice de tout un peuple soient ratatinées.

Il en a été ainsi de plusieurs lois en Algérie au cours de plusieurs décennies sans qu'il ne soit question de corruption tant est que leur détournement s'est habillé de la plus parfaite légalité pour les vider de leur esprit. Cession des biens de l'Etat, immobilier, crédits bancaires, passations de marchés, concours de recrutement et la liste est longue.

Partager peu pour souligner les énoncés et prendre gros pour justifier l'adage qui veut qu'une justice sociale bien ordonnée ne pouvait être servie que par soi-même. Aucune autre forme de corruption ne serait plus fatale que cette articulation de haut vol parce qu'elle est légale.

Alors peut-être devrait-on pousser la dictature jusqu'à ses terribles extrêmes et faire passer par les armes sur la place publique tout responsable indélicat.

Mais une grave question cependant se poserait: à qui faudrait-il confier le fusil pour l'exécution ?