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MONTEE DES HAINES

par M. Abdou BENABBOU

La dernière décision prise par le Conseil constitutionnel français à l'encontre d'un Franco-Marocain pourrait s'avérer lourde de conséquences si l'on s'arrêtait sur la flexibilité sommaire qu'elle laisserait offrir et les courts raccourcis pervers auxquels elle pourrait prêter. C'est au premier abord une éjection d'une personne d'une société et en même temps son bannissement d'une grande tribu. L'histoire de l'Humanité a souvent indiqué la manie des hommes à extirper les origines humaines du mal par les exils forcés.

Dans l'absolu, quoi de plus normal et de plus légitime pour une communauté que de dénier la nationalité à un criminel qui se met en marge de sa société en noyant dans le sang ses concitoyens et en leur refusant toutes les latitudes de respirer. En d'autres temps, la peine de mort en France aurait été la solution. Certaines contrées cultivent encore cette solution radicale encore discutable et discutée sans établir son bien-fondé. D'autres prédisposent leurs cours d'assises pour décider des réclusions à perpétuité.

Pour peu qu'il soit indubitablement prouvé que le banni sème l'effroi et la mort au sein d'une société, il n'est que justice que les règles et les normes qui sont censées le régir lui tournent le dos.

Le danger, cependant, dans cette articulation extrême toute légitime à l'encontre de binationaux, acteurs évidents d'effroi, et l'aval donné par le Conseil constitutionnel français est que cette théorie, avec tout ce qu'elle charrie comme montée des haines, de discutables aprioris et la virulence des extrémismes, devienne un axiome. Il pourrait constituer un terreau fertile et propice pour tous ceux qui ont une dent incisive pour mordre dans tout ce qui se rapporte de faux et de subjectif sur l'immigré et qui ont d'ores et déjà suggéré de battre le rappel des armadas des mers.

Il est vrai que la question n'est pas de tout repos pour les gouvernants français. Opter pour la radicalité quand la notion de nation se dilue dans un monde qui n'arrive plus à s'accrocher aux frontières peut être perçu aussi comme un spasme d'un nationalisme désuet.