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L'OPEP ATTEND UN GESTE DE SALMANE

par Yazid Alilat

Les marchés ont vite réagi à la mort du souverain saoudien. Erratiques sur plus d'une semaine, les cours de l'or noir ont rebondi vendredi, quelques heures avant la clôture hebdomadaire. Le léger américain pour livraison en mars était monté de 2,1% à 47,24 dollars en Asie après être monté de 3,1% à New York. Le brut de la mer du Nord grappillait quelques territoires et s'échangeait hier vendredi à 49 dollars.

Accrochés à toute information qui pourrait décider du sort des cours, les cambistes et les acteurs sur les salles de marchés ont réagi en réalité un peu trop vite à l'annonce du décès du roi d'Arabie Saoudite. Car si les arrière-pensées des uns et des autres sont focalisées sur une possible révision de la politique énergétique du Royaume, notamment celle d'imposer à l'OPEP le maintien du plafond de production, ce qui est de nature à revigorer les prix sur un marché atone, le gros des observateurs attendent en fait les premières décisions du nouveau monarque. Et plus particulièrement s'il va effectivement poursuivre la stratégie de son prédécesseur qui consiste à étouffer, par une offre abondante, les producteurs non membres de l'OPEP, dont les Etats-Unis et la Russie. Une stratégie qui a été pourtant dénoncée par des pays membres de l'OPEP, car ayant des effets collatéraux dévastateurs. Le Venezuela, l'Iran, l'Algérie et d'autres pays membres se sont plaints de cette ligne dure de Ryad, qui a assombri leurs économies mono-exportatrices, mais restent pour autant sans défense face à ce pays.

Tous les regards sont donc braqués sur ce que fera Salmane Ibn Abdelaziz, le nouveau roi d'Arabie Saoudite. Le Goliath pétrolier va-t-il rester insensible à la douleur que provoque sa poigne sur le marché? Le nouveau roi va-t-il congédier son ministre de l'Energie, Ali Al Nouaïmi, et le remplacer par un autre pour rassurer et donner des signes positifs aux marchés? Ou bien laisser faire, même si Ryad est au même titre que les pays producteurs victime de sa propre stratégie pétrolière suicidaire? Pas si sûr, car le pays dispose de quelque 750 milliards de dollars, un matelas de devises qui donne toute la latitude aux responsables saoudiens de s'acheter autant en interne la paix sociale que financer en externe les ?'révolutionnaires'' et autres ?'opposants'' politiques en Syrie, en Iran, au Yémen, et même financer la lutte internationale contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie.

L'ARRIVEE DE SALMANE, PRECEDE DE SA REPUTATION DE ?'PROBITE'', SI ELLE NE DONNE POUR LE MOMENT AUCUNE CLAIRE INDICATION SUR CE QUE SERA LA POLITIQUE PETROLIERE DU PAYS ET PLUS PARTICULIEREMENT UN POSSIBLE RALLIEMENT DES POSITIONS, AU SEIN DE L'OPEP, DE CEUX QUI VEULENT DONNER UN TOUR DE VIS A LA PRODUCTION DE L'ORGANISATION D'ICI MAI PROCHAIN POUR REQUINQUER LES COURS DU BRUT, IL N'EN DEMEURE PAS MOINS QUE L'ESPOIR EST GRAND D'UN POSSIBLE REAJUSTEMENT DE LA STRATEGIE PETROLIERE SAOUDIENNE. SALMANE SERA-T-IL PLUS ENCLIN A ECOUTER ET COMPRENDRE DES VOIX, COMME CELLE DE L'ALGERIE, POUR REMETTRE DE L'ORDRE SUR LE MARCHE PETROLIER ET RESSERRER LES RANGS AU SEIN DE L'OPEP?