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IL FAUT ARMER GHAZA !

par M.Saadoune

L'administration Obama a approuvé sans hésitation, avec déférence soulignent certains pour qui les Etats-Unis ne sont plus que l'arrière-cour d'Israël, la nouvelle guerre coloniale contre Ghaza. Ajoutant l'indécence à la bassesse, les Américains imputent sans hésitation la responsabilité de la situation à la victime. De Ghaza à l'Atlantique et de celui-ci au Golfe, le message a été reçu par les opinions arabes : la réélection d'Obama s'ouvre sur une autre guerre en terre d'Islam. La dernière ? Rien n'est moins sûr. Alors il ne sert à rien de trop ratiociner. Il faut armer Ghaza !

Les Palestiniens n'ont pas besoin de bras, ils en ont. Ils manquent d'armes pour riposter aux blindés qui se préparent à écraser leurs enfants et leurs maisons. Ceux, dans le monde arabe, qui s'agitent au nom du droit et de la démocratie pour réduire la Syrie en cendres en prétendant qu'il n'existe aucun terrain de négociation avec le régime baathiste, sont nettement moins audibles s'agissant de la défense des populations palestiniennes face à un agresseur adoubé par l'Occident et qui constitue un attentat permanent au droit des peuples. Ceux qui ont accepté d'entrer dans la logique de la négociation sans fin avec des voleurs de terres et des assassins d'enfants en sont pour leurs frais. Il n'y a rien à attendre de spoliateurs et de leurs parrains qui ne connaissent que la logique de la confrontation.

Que reste-t-il effectivement à négocier quand des générations de Palestiniens sont condamnées aux camps de réfugiés, au statut d'apatrides, à l'embargo et aux bombardements ? Que faut-il attendre d'Occidentaux qui, comme l'Allemagne de madame Merkel, oublieuse d'une histoire dont elle demeure irrémédiablement comptable, en viennent à admonester l'Egypte et à demander au Caire de faire pression sur le Hamas ? Toutes les limites de l'indécence sont franchies de la part d'une élite amnésique qui assume principalement, qu'elle le veuille ou non, l'héritage des génocides européens et dont la conséquence inique est le sort aberrant réservé au peuple de Palestine. Mais c'est bien une illustration de la perte de sens incarnée par Mme Merkel qui fait qu'un Tony Blair, dont la place naturelle est sur le banc des accusés d'un tribunal pénal international, se permette, par la grâce de médias aux ordres, de renchérir contre les habitants du ghetto de Ghaza.

Voici donc, toute honte bue, la solidarité de la Civilisation avec le crime qui s'exprime du haut de la chaire de l'imposture et du mensonge. Alors face à cette réalité sordide, est-il encore temps d'essayer de raisonner ceux qui ne connaissent que le rapport de force ? La réserve de sang arabe est illimitée et le courage des peuples n'est pas une denrée contingente : ce n'est pas certainement au peuple palestinien, coutumier du sacrifice, qu'il faut rappeler cette articulation essentielle. Les résistants de Ghaza n'ont nul besoin de compassion ou de solidarité caritative. Ils attendent des armes dont ils sauront faire bon usage contre le véritable existentiel des peuples : l'hégémonie raciste et le despotisme impérial. Le président Obama, ses lobbies et leurs armes, les sous-impérialismes européens et les sultanats golfiques peuvent retarder les échéances mais l'arbitraire ne peut en aucun cas prévaloir face à la volonté des peuples. A Ghaza comme ailleurs, ce que le droit et la raison ne peuvent obtenir par le dialogue et la persuasion sera arraché par les armes.