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Médéa: Triste image

par Rabah Benaouda

Qu'il est loin ce temps ô combien heureux où cette très jolie «place du 1er Novembre» (ex-place de la République durant la colonisation) ou «Placet El-Fougania» pour les anciens Médéens et Médéennes, l'une des trois plus belles placettes d'Algérie, faisait la joie et la fierté de tous les habitants de la ville de Médéa ! Et triste et combien triste et repoussante elle est devenue aujourd'hui !

Que de fois n'a-t-on pas écrit et rapporté cette triste image qui la caractérise depuis bien des années, pour que quelque chose puisse être fait par les autorités locales... Mais en vain. Une place, située au centre-ville de Médéa des saints Sidi Sahraoui et Sidi El-Berkani et qui fait pourtant face à la majestueuse mosquée Ennour, l'une des plus belles d'Algérie ! Aujourd'hui, abandonnée à son propre et triste sort, elle est devenue le lieu de rendez-vous privilégié de toutes sortes de revendeurs occasionnels qui changent selon les périodes (rentrée scolaire, Mawlid Ennabaoui Echarif?), sans parler de ceux qui l'accaparent maintenant et quotidiennement, comme ces revendeurs de pièces de rechange pour les voitures, exposées à même le sol, ou encore ces «spécialistes du commerce des parfums et autres produits importés d'Arabie Saoudite.

Comme c'est le cas actuellement avec ce mois sacré de ramadhan où elle se trouve «envahie» par la figue de Barbarie qui «orne» des dizaines de charrettes, quand elle n'est pas exposée carrément au sol dans des seaux d'eau. Ces charrettes dont les propriétaires, jeunes et moins jeunes, viennent de n'importe où et plus particulièrement des zones rurales entourant la ville de Médéa. Et le soir tombé, ces derniers quittent la place du 1er Novembre en laissant derrière eux des tas d'épluchures de ce fruit sauvage, au vu et au su de tout le monde. Les autorités locales concernées donnant l'impression d'être dépassées par cette malheureuse situation.

Une place du 1er Novembre qui accueille également, en ce mois sacré, des charlatans qui commercialisent leurs différents poisons, profitant ainsi et encore de la naïveté, de la crédulité et de l'ignorance d'un grand nombre de citoyens. Et dire que nous sommes au troisième millénaire !

Cette place du 1er Novembre, au milieu de laquelle trône un kiosque à musique, une merveille qui faisait la fierté de tous les Médéens et qui est devenue aujourd'hui un autre lieu de rendez-vous des S.D.F., des fous, des désoeuvrés? Qui pour dormir, qui pour uriner, qui pour y faire ses besoins, qui pour utiliser ses rebords pour s'y reposer? Les jambes pendantes vers l'extérieur et là aussi devant tout le monde, les autorités concernées en particulier.

Et dire que ce très joli kiosque à musique accueillait des soirées musicales et artistiques inoubliables durant les deux premières décennies après l'indépendance. Une place du 1er Novembre où pourtant se rendent, à la veille du 1er Novembre de chaque année, les autorités locales et officielles pour la levée des couleurs et l'écoute de l'hymne national !

Une place du 1er Novembre dont le jardin entourant le kiosque à musique est dans un état de total abandon, qui ne mérite pas que l'on s'y attarde. Cette place du 1er Novembre qui constitue tout un pan de l'histoire de la ville de Médéa et dont l'image bien triste qu'elle présente malheureusement aujourd'hui, rend malades et écoeure les Médéens du troisième âge, celles et ceux qui y ont joué dans leur enfance, assis sur les chaises des trois terrasses de cafés qui existaient pour prendre une boisson, discuter longuement de ce qui se rapportait à leur vie quotidienne (études, travail, sport, actualités nationales et internationales).

Alors, de grâce, messieurs les responsables concernés, redonnez à cette place du 1er Novembre son kiosque à musique, son jardin et son vaste espace, l'image qui faisait d'elle la deuxième meilleure placette d'Algérie, après celle de Annaba la Coquette. Et le phénomène de l'exode rural, le chômage, la recherche de la paix sociale ou civile? ne peuvent pas à eux seuls expliquer ni excuser la situation lamentable dans laquelle se trouve aujourd'hui cette place, qui porte pourtant la date symbole du 1er Novembre 1954.