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Livres
Au royaume de l'aveugle. Roman de Mocrani Hamdane. Editions La Pensée, Tizi Ouzou, 2018, 203 pages* Un petit village de Kabylie. Là-haut sur la montagne. Un point minuscule avec ses cinq mille habitants. Une population vivant en paix et dans la fraternité sous la tutelle d'un comité du village présidé par un homme plein de sagesse. Une nature généreuse. Tout pour être heureux ! Hélas, un jour, un pauvre hère apparaît, aveugle, cherchant son chemin. Il est accueilli, aidé... et il lui est même offert une hospitalité sans limites par la famille la plus aisée. Grâce à sa «culture» religieuse subtilement distillée, en raison d'un sens psychologique aiguisé, il s'impose peu à peu... et s'installe définitivement, prenant femme et se faisant même construire une maison. Peu à peu, il s'érige en véritable «marabout». Tous les sceptiques sont écartés lorsqu'ils ne sont pas mystérieusement éliminés physiquement. Il prend ainsi le pouvoir du village. Ses sbires (venant d'ailleurs pour les «missions spéciales») s'en iront même jusqu' à molester et à humilier les femmes (non voilées). Au départ, les réactions sont timides... mais la résistance va, peu à peu, et clandestinement s'organiser. Pour «éradiquer» définitivement le problème. Aux grands maux... les grands moyens. L'Auteur : Né en décembre 1943 à Tizi-Gheniff (Tizi-Ouzou). Longue carrière dans l'enseignement (instituteur, directeur d'école primaire, prof' de collège, prof' de lycée, directeur de collège...). Déjà auteur de deux autres romans (en 2023 et 2016) Table des matières : Première partie : Une vallée riche et paisible/ Deuxième partie : Le complot/ Troisième partie : A quel saint se vouer ? Extraits : «La vie réserve bien des surprises. Consciemment ou inconsciemment, peu importe, nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. La désillusion est grande quand cette branche tombera et nous entraînera dans sa chute. Nous regarderons alors avec regret les multiples blessures que nous aurons subies» (p 33), «Soyez honnêtes, braves, généreux, simples, tolérants, aidez les démunis si vous le pouvez, soutenez le faible dans sa détresse, défendez la veuve et l'orphelin, dites toujours la vérité quand elle peut apporter quelque chose de positif. Si on oublie tout cela, la pratique religieuse n'est alors qu'un simple rituel absurde» (p121) Avis - Une actualité peut-être dépassée (celle du radicalisme islamiste et terroriste)... mais les plaies ne sont pas encore totalement cicatrisées car la bête immonde est toujours là, tapis, à l'affût de la moindre faiblesse. A lire, ne serait-ce que pour se souvenir et pour ne pas baisser la garde. Citations : «Le soleil se moque des querelles des uns et des autres, encore moins de l'enfer ou du paradis. Il brille quand il a envie de briller...Il brille effectivement quand il en a envie, mais la lumière n'est pas la même pour tous. Pour certains, hélas, le jour n'est que la suite de la nuit» (p 109) , «L'instituteur et l'institutrice n'ont pas seulement pour tâches d'inculquer des connaissances aux élèves qui leurs sont confiés. Ils ont aussi le devoir de former des hommes et des femmes de demain. Des hommes et des femmes conscients de leurs devoirs et de leurs droits, responsables à différents niveaux, qui réfléchissent, analysent et font la part des choses pour déceler le vrai du faux avant de prendre une décision, avant d'agir. Une erreur d'analyse conduit à un défaut de jugement qui peut faire beaucoup de mal surtout que, parfois, le mal ne peut être réparé» (p 146), «La première place exige savoir, savoir-faire et savoir-être. Quand on n'a pas ces qualités, on ne peut que commettre des erreurs lesquelles, en s'accumulant, conduisent inévitablement à l'anarchie» (p 184), «Le virus du mal ne disparaît jamais tout à fait. Il est toujours là, tapi dans l'ombre, prêt à frapper à la moindre occasion, à Luda ou ailleurs, le lieu importe peu» (p201) * (Note : Lorsque le prix n'est pas indiqué, cela veut seulement dire qu'il n'est pas noté -pour plusieurs raisons dont certaines assez objectives et compréhensibles - en quatrième de couverture comme le veut la réglementation) De nos sœurs égorgées Roman de Rachid Ezziane. Editions Les presses du Chélif, Chlef 2022. 153 pages, 800 dinars (Fiche de lecture déjà publiée en avril 2022. Extraits, pour rappel. Fiche de lecture complète in www.almanach-dz.com/bibliotheque/d'almanach/défense/ Ils étaient 12. Tous enseignants. Tous issus de familles modestes et/pauvres. Tous habitaient à Sfisef, un «village néant», un «sosie à l'insignifiance». Tous devaient se rendre chaque jour de l'année scolaire 1997, en minibus (un vieux fourgon) ou en taxi «clandestin», en aller-retour à des heures fixes, à quinze kilomètres, à leur établissement scolaire situé à Ain Adden. Parmi les douze, il y avait onze femmes (... ) Toutes heureuses de se retrouver et de retrouver leurs classes et leurs élèves. Mais, le visage crispé et la peur au ventre. Car... Au maquis terroriste, il y avait une «fatwa» interdisant aux femmes d'enseigner ou d'aller à l'école. Émise par un «fou de Dieu» au surnom sanguinaire : «Dhib El-Djiâane», le loup affamé, déjà coupable, par égorgement, de mille et meurtres, toujours d'innocents (femmes, vieillards, bergers, automobilistes, enfants...). Après une journée d'enseignement bien remplie, c'est le retour au domicile, toujours dans le même fourgon, suivi par un taxi avec quatre passagères. Sur le chemin de retour, elles seront toutes (ainsi qu'un instituteur) égorgées par la horde sauvage.(...) Plusieurs années après, Sfisef a quelque peu pansé ses blessures... à un prix très, très fort. Puis vint Bouteflika qui, sous l'effet de discours «magiques», a imposé la «Concorde» et la «Réconciliation», comme si la «Rahma» ne suffisait pas...» avec un peuple devenu masse qui suivit les «enjeux» sans rien comprendre». On en a oublié les victimes...» L'Auteur : Né en 1955 à Zeddine (Ain Defla). Ancien professeur de philosophie, journaliste chroniqueur. Plusieurs ouvrages à son actif (romans, essais, nouvelles) Extraits : (...) «Cette réconciliation avait surtout profité plus aux assaillants qu'à leurs victimes. «Cette paix à sens unique» avait fait naître chez tous ceux qui ont été écorchés dans leur chair comme une deuxième mort des leurs» (p115) Avis - Emouvant. Se lit d'un trait... Citations : «Comme le vampire qui se nourrit de sang, le loup affamé se désaltère de la peur des femmes» (p47), «Seule l'instruction libère l'esprit. Donne des ailes aux racines. Ouvre les chemins de l'avenir» (p 57), (...),«Il n'y a pas de lucidité sans liberté, et de liberté sans courage « (pp 115-116) |
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