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Kouider, l'iconoclaste à la baguette magique

par Mohamed Bensalah

«Si la musique est la langue des émotions», selon la célèbre formule de Kant, alors les peuples algérien et français ne pouvaient trouver meilleur moyen d'expression pour communiquer.

C'est par un merveilleux concert à la salle Gaveau qu'a été célébré, à Paris, le 19 mars, un gage d'amitié algéro-française. Sous la direction musicale de Amine Kouider, l'orchestre philarmonique a offert au public durant une heure trente, un cocktail d'extraits de Carmen de Georges Bizet et de musique arabo-Andalouse, avec la Nouba Zidan de l'ensemble Amedyez.

Aïcha Mokdahi, Présidente de l'Orchestre Symphonique Algérie-France, en guise de bienvenue à la nombreuse assistance venue assister à ce concert inaugural, précise que ce n'est que le début d'une longue et mélodieuse symphonie entre les peuples algérien et français. «Nous avons souhaité montrer que l'Histoire de nos deux pays ne se réduisait pas à la souffrance et que, loin des haines et des rancunes, les peuples français et algérien avaient continué à vivre ensemble, côte à côte depuis cinquante ans, et à coopérer sur tous les plans, en particulier le plan culturel». En témoigne, au cours de la dernière décennie, une succession d'événements portés par une équipe artistique dynamique à l'initiative du chef d'orchestre Amine Kouider: en 2000, l'union magique d'un orchestre français et d'un chœur algérien à l'occasion du millénaire de la ville d'Alger, en 2001 la réouverture de l'Opéra d'Alger, avec l'Orchestre Philharmonique d'Alger et la troupe d'opéra française Hymnodie, suivie en 2003 des festivités données en France dans le cadre de «l'Année de l'Algérie», avec l'Orchestre National Algérien, puis en 2005 de Madame Butterfly donné à l'Opéra d'Alger en coproduction avec les Opéras de Marseille et de Toulon, spectacle enregistré par TV5 dans le cadre de l'émission de Fréderic Mitterrand «24 h à Alger». Sans oublier les beaux concerts réalisés en partenariat avec les Centres Culturels français à Alger, Oran et Constantine et surtout la merveilleuse composition musicale du film «La Montagne de Baya», du regretté Azzeddine Meddour.

QUI EST AMINE KOUIDER ?

Né à Alger en 1967, il commence ses études de musique classique dès l'âge de sept ans au Conservatoire central d'Alger, en classe de solfège, de violon et de piano. Il en sort avec les diplômes de solfège, violon et musique de chambre. En 1987, il obtient le Grand Prix d'Honneur de violon de la ville d'Alger. En 1986, il est admis à l'Ecole Normale Supérieure d'Alger, section Musicologie où il étudie la musique classique et la musique arabe. Il obtient une licence en musicologie en juin 1990. De 1990 à 1993, il poursuit ses études musicales en France, d'abord au Conservatoire National de Région de Marseille, puis au Conservatoire National de Région de Paris. Il y obtient les diplômes de Violon, direction de chœur et direction d'orchestre. Parallèlement, il poursuit ses études de musicologie à l'Université Paris IV-Sorbonne. Parallèlement à ce cursus de formation, Amine Kouider a suivi de 1988 à 1993, des master-classes en violon et en direction d'orchestre aux jeunesses Musicales de Hambourg et à l'Académie de l'Orchestre des Jeunes de la Méditerranée d'Aix-en Provence. Il a également effectué des stages au sein de l'Orchestre Symphonique de Rome, Zürich, Bâle, Genève et au sein de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris.

Il se perfectionne ensuite en direction d'orchestre auprès de maîtres prestigieux comme Manuel Rosenthal à Paris, Michel Tabachnik au Conservatoire Royal de Copenhague, Ilya Moesin à Saint-Pétersbourg, Daniel Barenboïm à Berlin et Valery Gergiev à Rotterdam.

En 1998, Amine Kouider devient pour trois saisons chef d'orchestre assistant de Valery Gergiev à l'Opéra du Kirov à Saint-Pétersbourg, à l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam et à l'Orchestre Philharmonique deNew-York. Depuis, Amine Kouider a été invité à diriger plusieurs formations en France et à l'étranger :En France notamment, l'Orchestre Philharmonique de Marseille, l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, l'Orchestre de l'Opéra de Toulon, l'Orchestre Symphonique de Mulhouse, l'Orchestre Philharmonique de Nice, l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, l'Orchestre National du Capitole de Toulouse et récemment l'Orchestre Lamoureux. A l'étranger, l'Orchestre de l'Opéra National de Bucarest, l'Orchestre Symphonique du Caire, l'Orchestre Symphonique de Durban, l'Orchestre d'Etat de Saint-Pétersbourg ; également à Saint-Pétersbourg l'Orchestre de La Cappella, l'Orchestre Symphonique de la Philharmonie et l'Orchestre de l'Opéra du Kirov. Il a récemment dirigé l'Orchestre Philharmonique du Qatar.

En Algérie, en octobre 2001, il a été à l'origine de la réouverture de l'Opéra d'Alger, dont il a assuré la direction artistique jusqu'à 2005. Il y a dirigé Don Giovanni, Le Barbier de Séville, Rigoletto, Les Noces de Figaro, et Madame Butterfly, enregistré dans le cadre de l'émission «24H à Alger» de Fréderic Mitterrand. Durant la même période, il a créé l'Orchestre Philharmonique d'Alger, dont il a été le directeur musical, et avec lequel il a donné des concerts dans plusieurs villes d'Algérie, Alger, Oran, Tlemcen, Constantine, Batna,Tizi-Ouzou, Blida, tout en participant activement au développement de la diffusion de la musique classique universelle en Algérie, notamment en initiant des concerts éducatifs pour les enfants. En 2003, nommé directeur du Département de la musique classique au Commissariat de «l'Année de l'Algérie en France - 2003». En 2004, il a été engagé comme conseiller musical du prestigieux Orchestre de la Garde Républicaine Algérienne, avec lequel il adonné plusieurs concerts notamment dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire de la révolution algérienne. A Alger, il a été invité à diriger des concerts dans le cadre de l'ouverture du sommet du PNUD, de l'OPEP, de la visite officielle du Président d'Afrique du Sud, et de l'ouverture du Sommet Arabe de 2005, avec un concert donné en l'honneur des 22 chefs d'Etats arabes. Dans le cadre de «Alger, Capitale Culturelle Arabe - 2007», il a été nommé directeur artistique de l'Orchestre Symphonique National algérien, avec lequel il a donné de nombreux concerts et enregistré le premier CD de cette formation. Sur invitation de Madame La Ministre de la Culture en Algérie, il a réalisé le spectacle de clôture de la manifestation «Algérie, une Symphonie pour la Paix», à la tête de 250 artistes, à l'Opéra d'Alger.

Son répertoire lyrique compte désormais près de vingt cinq opéras dirigés. Actuellement, directeur musical du Chœur et Orchestre Philharmonique International, en résidence à l'UNESCO, qu'il a fondé en 1997, il a, à ce titre, dirigé des concerts, dans le cadre des programmes de cette institution tels que : «Commémoration de la fin de la Deuxième

Guerre mondiale»,«Cultivons la Paix», «Enfants des rues» et «Concert pour la Paix» lors de la célébration du millénaire de la ville d'Alger. C'est dans ce même cadre des programmes de l'UNESCO qu'il a dirigé plus récemment des concerts pour la «Journée mondiale de lutte contre le sida», «Dialogue des Cultures entre Orient et Occident».

Ainsi que la «Saison Russe en France». Amine Kouider a été nommé «Artiste de l'UNESCO pour la Paix».

A son initiative, en 2000, l'union magique d'un orchestre français et d'un choeur algérien à l'occasion du millénaire de la ville d'Alger. Notre sympathique Directeur artistique de l'Orchestre Symphonique Algérie-France, dispose d'une équipe artistique dynamique qui vient d'offrir au cœur de la capitale française une œuvre remarquablement construite, avec de parfaits enchaînements musicaux. Avec une subjectivité qui donne du charme à ses propos et un art sans pareil de raconter et de faire vivre sa passion pour la musique, Amine Kouider fait preuve d'une grande habileté en tant que imprésario. Pour le plaisir des oreilles et des yeux, son opéra offre d'excellents moments de plaisir car, notre virtuose sait comment guider son auditoire avec chaleur et modestie.

Son œuvre, qui sera, sans nul doute, distingué par la critique internationale, est un véritable hymne à l'amour à la paix et au courage, un hommage à la sagesse. Un spectacle intelligent et stimulant à voire impérativement, lorsqu'il sillonnera notre pays, durant les mois à venir.