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Les moyens financiers dans le football algérien: Les nantis et les autres

par Adjal Lahouari

Le football, jadis affaire d'amour des couleurs et de « haouma », a changé. Beaucoup changé. Le professionnalisme a été instauré en Algérie en 2010, soit 78 ans après la France. Et tous les observateurs s'accordent à reconnaître que le niveau est en deçà de ce statut ronflant. Les causes de médiocrité de l'épreuve phare, le championnat sont archiconnues. Il y a d'abord l'absence d'une réelle politique comme celle de la Réforme 1977. Ensuite, l'absence de formation des jeunes catégories, excepté le Paradou depuis 2007. Actuellement, tout est affaire de moyens financiers. Ceux qui en disposent via les entreprises mères sont les plus privilégiés en enrôlant les meilleurs joueurs et des entraîneurs réputés, même à coups de devises lorsqu'il s'agit d'étrangers. C'est à cause de l'argent qui a fait défaut que de nombreux clubs ont rétrogradé et ont disparu des radars. Et les exemples ne manquent pas dans la sphère footballistique nationale. En effet, c'est grâce aux précieux apports de leurs sponsors majeurs que les clubs tels le CRB, la JSK le MCA, l'ESS et le CSC sont encore considérés comme de grosses cylindrées en recrutant les meilleurs joueurs sur le marché et en engageant parfois des internationaux africains. Les amoureux du NAHD, du RCK, de l'ASO, du MOC, de Hamra Annaba et de la quasi-totalité des clubs de l'Ouest, n'ont plus que les yeux pour pleurer. Jadis pensionnaires de l'élite, l'ASMO, le RCR, le MCS, l'ESM, la JSMT, le CRT, le WAM et la PGS, pour ne citer que quelques-uns, risquent de rester de nombreuses années dans les divisions inférieures. « C'est l'argent qui fait les grands clubs », ont souvent déclaré les dirigeants des associations en retrait. Difficile de leur donner tort puisque, même s'il faut mettre sur la balance le soutien populaire et le savoir-faire de quelques dirigeants. Sans moyens financiers conséquents, il n'y a aucun espoir de sortir la tête de l'eau. Cet été, cette tendance s'est accentuée. Alors que le MCA, le CRB et la JSK ont ratissé large, les autres clubs n'ont pu suivre la cadence. L'USMA, par exemple, a dû se contenter du minimum, l'entreprise Serport ayant plafonné les salaires. Le MCO se trouve face à une situation inextricable avec ses 30 milliards de dettes, tandis que l'ASO, faute d'argent, va être carrément pillée par les riches. Ainsi donc, sans le nerf de la guerre, point de titres ni de coupes, les miracles n'existant pas dans le football, la discipline la plus budgétivore aussi bien en Algérie que partout dans le monde. L'exemple le plus frappant nous vient d'Espagne où le Barça, pour retrouver son lustre d'antan, a fait actionner des leviers économiques, vendant un important pourcentage de ses droits TV sur une période de 25 ans, ainsi que ceux de son entreprise de marchandising, sans oublier les exigences d'un sponsor dont le nom est accolé sur le fronton du mythique stade Nou Camp.

Razzia du Centre

Un coup d'œil rétrospectif nous permet de faire plusieurs constats. Sur le plan des résultats du championnat, le Centre s'offre une razzia avec 41 titres répartis entre la JSK (14), le CRB (9), l'USMA (8) et le MCA (7). La région Est arrive en seconde position avec 13 sacres, grâce surtout à l'ESS (8), suivi par le CSC (2), le MCO, l'USC (1) et l'USM Annaba). Quant à l'Ouest, il ferme la marche et sauve l'honneur (si l'on peut dire !) par le MCO (4) et le GCM. Par ailleurs, il faut mettre en évidence des fluctuations et des périodes de domination. Ainsi, avant l'an 2000, la JSK a enlevé 11 titres alors que le CRB, en verve durant la décennie 60, s'est rattrapé par la suite. L'essentiel des palmarès de l'ESS et de l'USMA figure dans le troisième millénaire. Tant que les richesses et les subventions ne seront pas équitablement réparties, ce sera le statu quo intégral, à la grande désolation des clubs délaissés ou insuffisamment soutenus.