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Raouraoua, l'homme qui a dit non !

par Cherif Ali

Les ?fennecs' donnés favoris pour remporter la CAN au Cameroun ont été sortis au premier tour. L'entraîneur a été décrié, tout comme les joueurs qui ne se sont pas donnés à fond selon les supporteurs des ?Verts'. Il y a aussi la Fédération Algérienne de Football ébranlée par des questionnements sur sa prétendue mauvaise gestion.

Jusque-là, écrivait un éditorialiste d'un journal en ligne, rien d'anormal. Mais la puissante campagne médiatique qui aspire à résumer les problèmes de l'Algérie à un seul homme, à savoir Charaf-Eddine Amara nous rappelle étrangement celle qui avait visée Mohamed Raouraoua qui présidait aux destinées de la Fédération Algérienne de Football en 2017.

L'homme, faut-il le dire, ne laisse pas indifférent. On pourra toujours critiquer ses défauts, son supposé affairisme, son bluff, son arrogance, son imprudence, son insolence, sa façon de transformer tout ce qu'il touche en or (loi des Bahamas), puis en mouise (la sortie peu glorieuse des Fennecs au premier tour de la CAN).

Un vrai gâchis pour tous ceux qui, comme lui, issus de familles modestes et aussi nombreuses, ont utilisé « l'ascenseur social » pour grimper vers les cimes.

Il faut dire que l'ascension de l'homme n'a pas été aisée lui, l'enfant de La Casbah, jeune fan de l'USMAlger, qui réussit ensuite, à intégrer l'équipe dirigeante. Puis la FAF, grâce à de solides appuis, où il fît un premier mandat remarquable avant d'être stoppé par Yahia Guidoum qui lui préféra un illustre inconnu, Hamid Hadadj qui, à l'évidence, n'était pas fait pour le job. C'est sans doute sa pugnacité et sa combativité qui ont encouragé El-Hadj comme le surnomment, respectueusement, ses amis, à revenir, alors, à Dely-brahim, au grand dam de ses adversaires qui le jalousaient en même temps qu'ils le craignaient. Mohamed Raouraoua était donc devenu l'une des personnalités sportives les plus médiatiques en Algérie, en Afrique et au sein de la FIFA où il a réussi à se faire élire.

C'est vrai aussi qu'il n'avait cessé d'intriguer et de rappeler sa proximité avec ceux d'en haut. Tout le charivari qui avait pollué la sortie des Verts lors de la CAN, organisée au Gabon et le pseudo échec du patron de la FAF, avait pour toile de fond, l'argent ! Celui des footballeurs, trop grassement payés. En dollars ! Pour de piètres résultats dit-on.

Mohamed Raouraoua est monté au créneau pour défendre les joueurs binationaux, critiqués dans le pays après les mauvais résultats de la CAN 2017.

« Je déplore cette campagne menée contre les joueurs de la sélection algérienne, en particulier ceux formés en Europe, après l'élimination, au premier tour, de la Coupe d'Afrique. Au lieu de remercier ces joueurs pour tous les sacrifices qu'ils font par amour à leur pays, certains sont en train de les descendre en flammes », a-t-il déploré.

« Ceux qui pensent que des joueurs comme Mahrez et Brahimi viennent en sélection pour de l'argent se trompent énormément, car ce qu'ils gagnent dans leurs clubs leur suffit largement pour mener la belle vie », a ajouté Raouraoua.

« C'est connu maintenant. Les joueurs qui composent actuellement notre sélection nationale trouvent plutôt leurs repères dans des compétitions comme le Mondial. En Coupe d'Afrique, ils passent souvent à côté, comme ça a été le cas en 2015 et en 2013 aussi, pour des raisons exogènes », avait conclu Raouraoua décidément bien au fait des jeux de coulisses CAF et FIFA comprises !

Juin 2022 : démission de Charaf-Eddine Amara président de la FAF !

Tout le monde observe et se retrouve suspendu à la décision de Mohamed Raouraoua de candidater ou pas pour les élections de la Fédération algérienne de football (FAF). Il est clair que personne ne voudra défier l'ancien boss de Dely Brahim dans un non-match. Mais le prédécesseur de Kheireddine Zetchi ne veut pas se présenter à l'Assemblée générale élective, prévue le 07 juillet prochain, sans garanties. Sans être sûr de l'emporter !

Sa cote semble intacte même si sa santé pourrait l'empêcher de mener à terme un mandat de 3 ans. Mohamed Raouraoua à la tête de l'emploi pour la présidence de la FAF. Et tant qu'il ne s'est pas publiquement prononcé sur son envie de revenir gérer les affaires de la balle ronde Dz, personne ne veut se mêler à la course au fauteuil de Dely Brahim.

Il ne veut pas risquer de perdre même si trois obstacles pourraient lui rendre la tâche difficile : Le premier tient à sa personnalité. Une grande gueule comme on les déteste en Algérie, avec marqué sur le front : pognon, magouilles, embrouille. Sa réussite a toujours été considérée par ses adversaires comme suspecte. En même temps, imaginer Mohamed Raouraoua dans le rôle d'une victime paraît donc inconcevable, lui qui ne cesse de répéter, partout qu'il est le plus fort !

Le deuxième tient à sa supposée proximité avec les tenants du pouvoir.

Le troisième concerne son âge avancé et subséquemment sa santé, comme on l'a rapporté supra !

Ceci étant dit, la réussite se cache et les bénéfices sont décriés. C'est stupéfiant car dans le reste du monde, sauf peut-être en Corée du Nord, le succès est admiré, les milliardaires sont encensés, les patrons sont remarqués comme des hommes remarquables et les «self made men » (Raouraoua en fait partie) sont considérés comme des héros.

Sur l'argent, Nicolas Sarkozy écrivait six ans avant son élection en 2007, dans son livre Libre : « le succès n'est pas ressenti ni accepté comme une valeur positive, au lieu de mobiliser la société à travers de ceux de ses membres qui ont réussi, on préfère l'exciter contre celui qui a plus que l'autre, sous entendu parce qu'il a pris, volé ou arracher à d'autres ! ».

Le paradoxe, évidemment, est que la crise financière n'a pas vraiment fait souffrir les Algériens. Mais elle est un bon prétexte pour retourner aux vieilles habitudes, à la condamnation des riches, et aussi du secteur privé, source de tous les maux du pays. L'emballement médiatique sur le retour de Raouraoua aux commandes du sport roi en Algérie était-il annonciateur d'une désignation inévitable ou d'un coup de force que tente son clan pour donner de l'épaisseur à son comeback et le présenter comme un sauveur de la FAF?

Il est vraiment difficile de répondre à cette question. D'autant plus qu'«El-Hadj» s'est retenu d'annoncer son envie de reprendre les manettes de la structure footballistique. Il est clair que les pouvoirs publics essayeront de trouver une nouvelle tête pour donner de la crédibilité au processus électoral. C'est pour cela que revoir Raouraoua aux manettes de la FAF n'est envisageable que dans un cas d'incapacité extrême à trouver une alternative crédible.

En tout cas, c'est Zefizef qui tiendrait la corde pour le poste. Cependant, il est clair que si Raouraoua décide de briguer un 4e mandat, tous passages réunis à la FAF, la voie lui sera dégagée et son arrivée plébiscitée par les supporteurs des Fennecs qui l'ont réclamé à corps et à cris.

Tout proche de se présenter aux élections de la présidence de la Fédération algérienne de football (FAF) pour un éventuel retour à la tête du football algérien afin de succéder à Amara Charaf- Eddine, Mohamed Raouraoua a finalement dit non à 48 heures seulement de la fin du délai de dépôt des dossiers de candidatures ! Selon Hafid Derradji «la décision de Mohamed Raouraoua de ne pas présenter sa candidature laisse de la place aux spéculations qui indiquent que Djamel Belmadi aurait refusé de travailler avec l'ancien patron de l'instance fédérale. Il est vrai que Raouraoua n'a pas annoncé sa candidature, pour qu'on puisse parler de son retrait. Mais tout porte à croire qu'il avait l'intention de se présenter à la demande des membres de l'Assemblée générale, avant qu'il ne fasse marche arrière», Djamel Belmadi a bien évidemment démenti son opposition à tout candidat.

Entre-temps Djahid Zefizef a été élu président de la FAF ce qui lui a valu les félicitations de Gianni Infantino, président de la FIFA !