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A point nommé, l'essai riche d'enseignement, s'agissant d'une
rétrospective solidement étayée, faisant appel à d'abondantes sources, du reste
illustrées par une anthologie empruntée à? Marcel Emérit
(p 189-214), alors que de justesse, rapidement, a été dissipée l'équivoque que
laissait entrevoir, voire supposer l'intitulé: «Aventures
coloniales» non au singulier mais bien au pluriel. Certes une richesse, mais
qui ne doit pas constituer pour autant «l'arbre cachant la forêt».
Quoi qu'il en soit, avec suffisamment de recul dans le temps postcolonial, tout féru d'histoire sera définitivement convaincu, comblé, particulièrement s'il est fortement imprégné des sciences auxiliaires de cette discipline ne cessant de se conforter, d'élargir, d'approfondir et d'enrichir son champ d'investigation, de plus en plus sur la méthodologie des sciences humaines. En tout état de cause, l'essai qui s'est focalisé longuement sur les deux doctrines majeures du XIXe siècle, saint-simonisme et fouriérisme, tout en n'ayant eu que d'insignifiants impacts sur l'évolution des différentes politiques suivies durant la période considérée (1830-940), Incontestablement, le mérite est d'avoir étayé le long et complexe processus de colonisation, de surcroît d'une colonisation de peuplement? Avec des hauts et des bas, avec tant de fantasmes, chimères face aux réalités socioculturelles incontournables du champ d'application proprement dit? Prématurément, cette colonisation qui a été qualifiée «à outrance» par l'auteur de De la démocratie en Amérique ((1835-1840), Alexis de Tocqueville, l'un des précurseurs des apologistes du système basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, lui qui a cru pouvoir la revendiquer, l'affirmer, haut et fort - axiomatiquement -, deux années avant le débarquement même de l'armada française à Sidi Fredj: «La domination paisible et la colonisation rapide de l'Algérie sont assurément les deux plus grands intérêts que la France doit aujourd'hui assurer dans le monde» (Rapport sur l'Algérie). Quoi qu'il en soit, bien avant que la IIIe République ne parvienne tant bien que mal à occuper le territoire algérien, du Nord au Sud, la colonisation effective n'a été ni «paisible» ni «rapide». Contrairement aux objectifs assignés à l'occupation territoriale, durant ces 132 années, l'Algérie n'a point été «assimilée» ni «civilisée» ni de «progrès» équitablement pour chacune des deux sociétés en présence? De fait, l'enjeu majeur de toute colonisation de peuplement, l'accaparement maximal de terres, de bonnes terres «la matière première de la colonisation» (Xavier Yacono, 1955) n'a pas moins été contrarié, freiné eu égard aux différentes formes de dépossession des paysans puisque même la loi Warnier (1873), tendant à franciser le régime des terres melk, avec toutes ses gaves conséquences? a fait recadrer la législation en la matière par le recours, en 1897, au droit de préemption? (précisément prescrit par le droit musulman?). Conséquemment, c'est l'échec, la réfutation de «ces quatre notions qui se veulent solidaires et justifiables l'une par l'autre» que sont «colonisation, assimilation, civilisation, progrès» (p 121). Incontestablement, le peuple qui a été dominé mais nullement soumis est demeuré profondément attaché à ses terres ancestrales, prunelle de ses yeux, suivant la pétition adressée, en 1834, par Hadj Ahmed Bey au Parlement britannique, stipulant, entre autres, que: «Ils (les Français) n'ont aucun droit sur cette terre dont chaque pouce est un bien hérité depuis des millénaires?» (Forein Office, FO 77/25). D'emblée, le bien-fondé qu'il fallait affirmer avec force et conviction avant l'enclenchement du processus de dépossession des fellahs et aussitôt sa traduction sur le terrain, les différentes formes de colonisation, prônées par le général Bugeaud, pour qui «seule la colonisation militaire (?) est le moyen le meilleur, le plus rapide, le plus efficace, le plus économique?» (p 42). Prémonition car trop grisé par ses colonnes mobiles dévastatrices à travers tell et steppes. En revanche, d'autres officiers, pas des moindres, ont fait preuve de réalisme en la matière, tel, entre autres, le colonel Lapasset, allant jusqu'à influencer, infléchir, voire orienter la politique impériale. Or l'essai n'a fait qu'effleurer l'audacieuse politique du Second Empire durant sa deuxième décennie à partir de 1861: Le Royaume arabe, alors que la magistrale thèse de 811 p. d'Annie Rey-Goldzeiguer (1977) avec son intitulé éponyme n'a été signalée, dès les débuts de l'introduction, qu'en note infra aux pages 9 et 49, mais totalement omise à la page 71 bien que mentionnée par l'index des noms (p 224)? Plus lacunaire est le peu d'intérêt accordé au maître d'œuvre de cette audacieuse politique: Ismael Urbain, précisément le conseiller intime de Napoléon III en matière de politique algérienne dont il a été le guide au cours de ses voyages en Algérie, particulièrement durant son long séjour en 1865. Des lacunes préjudiciables d'autant que Ch. R. Ageron (2005 ) en a fait une brillante synthèse, fond et forme avec la terminologie la plus appropriée pour bien mettre en valeur la biographie et la carrière exceptionnelle d'Ismael Urbain, natif de Cayenne d'un commerçant originaire de Marseille et «d'une quarteronne libre», entendre métisse ayant un quart d'ascendance noire... De plus, la synthèse compte deux articles distincts: L'Algérie algérienne sous Napoléon III et Peut-on parler d'une politique des «royaumes arabes» de Napoléon III ? (2005). A cet égard, pertinente est l'observation «émise par Bernard Droz et Eveline Lever (1982) «la politique clairvoyante (Royaume arabe) et généreuse que la France ait tentée en Algérie, la seule qui aurait pu imprimer un tour différent à la colonisation et, peut-être penser, rendre plus improbable son dramatique dénouement». * Saïd Almi (2017): Aventures coloniales, La France en Algérie (1830-1840), Alger, éd. Dar Khettab. 230 p. Références bibliographiques Ch. R. Ageron (2005): l'Algérie algérienne sous Napoléon III in Genèse de l'Algérie algérienne, Paris, éd. Bouchène. 685 p. Ch. R. Ageron (2005): Peut-on parler d'une politique des «royaumes arabes» de Napoléon III ? in De l'Algé.rie française à l'Algérie algérienne, Paris, éd. Bouchène. 623 p. B. Droz et E. Lever (1982): Historie de la guerre d'Algérie, 1954-1962, Paris, Le Seuil. A. Rey-Goldzeiguer (1977): Le royaume arabe, la politique arabe de Napoléon III, Alger, SNED. 816 p. X. Yacono (1955): La colonisation des plaines du Chélif, Alger, éd. Gouvernement général de l'Algérie. 2 t. |
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