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Lorsque le gouvernement marocain
s'est attaqué à l'Algérie, à ses symboles et à son peuple, nombreux ont été
celles et ceux qui ne se sont fait pas priés pour le dénoncer, le dire et
l'écrire convaincus qu'ils étaient et qu'ils sont toujours que ce pays qui
continue de subir les incessants sévices que nous lui infligeons doit être
toujours défendu. Mais beaucoup sont aussi convaincus que l'amitié entre les
peuples et le respect mutuel entre les Etats sont immuables. Et dans ce
contexte, la diplomatie est toujours ce qu'il reste lorsque la certitude que
toutes les autres voies de recours, pour espérer reconstruire et retisser des
liens, parfois ancestraux, qui unissent sont épuisées.
Alors si certains prétendent que la guerre est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls militaires, la diplomatie elle aussi, et dans son essence même, ne peut assurer un rôle qui n'est pas le sien. Et il serait peut-être fair-play de concéder que sur le plan de la diplomatie régionale, le Maroc a accompli de notables progrès et a même distancé l'Algérie dans des domaines où jadis nous excellions. La conquête de la CAF, par exemple et pour ne citer que le domaine sportif, n'a pu se produire et à la surprise de nombreux observateurs, pourtant avertis, et des pronostics des spécialistes en la matière que par un énorme travail de fond et de lobbying de longue haleine qui a abouti à l'élection d'un nouveau président de cette instance de football africaine proche de la Fédération royale marocaine du football. La conquête du marché africain, notamment de l'Ouest, n'est pas, seulement, une vue de l'esprit mais le résultat d'un intense activisme diplomatique. Et il est vrai que pendant ce temps-là, nous, nous faisions nous-mêmes hara kiri, en sabordant l'embryon d'un Forum économique algéro-africain qui aurait pu constituer une audacieuse passerelle vers ce continent qui n'est que le prolongement naturel de l'Algérie et qui était, il y a quelques années de cela, encore son incontournable zone d'influence. L'Algérie a, durant de nombreuses décennies, payé rubis sur ongles, un engagement fraternel vis-à-vis de l'Afrique, aides financières multiples, subventions, soutien aux mouvements de libération, formation des élites, etc., sans que nous en récoltions, aujourd'hui, les dividendes notamment sur le plan économique et qui profitent à d'autres. Et cela est, hélas, de bonne guerre. La diplomatie, tout comme l'armée et aussi la justice, sont ces institutions piliers nobles qui, comme cela se fait dans les pays développés et les pays émergents, portent la République et se désarticulent toujours des enjeux de politique interne et des rapports de force qu'ils induisent. Cela participe de la préservation de leur crédibilité et de leurs statuts. Si les crises, lorsqu'elles surgissent, constituent souvent comme le prétendent les stratèges, des opportunités, elles sont aussi, parfois, lorsqu'elles sont provoquées, peu fécondes et n'atteignent pas les objectifs qui leur sont assignés. Et cela est valable aussi des deux côtés de la relation algéro-marocaine. Enfin, si toutes les conditions pour que la relation algéro-marocaine revête la qualité qui lui échoit, ne sont pas encore réunies, si les contentieux qu'il faut surmonter sont aussi nombreux et que la mémoire porte encore ses blessures, les liens qui unissent les sociétés civiles doivent, plus que jamais, s'affirmer car ce qui unit les peuples algérien et marocain est bien plus fort que tout le reste. Et seul cela compte. |
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