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Peut-on parler
d'une même filiation généalogique entre le FLN historique et le FLN
post-indépendance ? Au plan épistémologique saurions-nous parler de continuité
ou de rupture dans le processus consacré au FLN à la fois en tant que mouvement
de libération et en tant que continuateur de l'effort d'édification nationale?
De tels questionnements nous renvoient à une lecture politique qui a marqué les
débats dans le cadre du système du Parti unique et la controverse née au
lendemain de la promulgation de la Constitution de 1989 permettant la création
de partis.
1ère partie C'est sans doute dans ce bouillonnement des idées que chacun va à sa vision des choses. Ainsi, dans un contexte d'une géopolitique marquée par un nouvel ordre mondial régenté par l'énergie qui définit les équilibres endogènes et exogènes des Nations, alors que l'Algérie célèbre le 61ème anniversaire de sa glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954, Une date mémorable inscrite en lettres d'or dans l'histoire contemporaine. On est interpelé à trancher toute cette chronologie des faits historiques permettant aux jeunes générations de transcender ces nuances dans la clarté d'un débat politique serein dans toute la communion inspirée des grands sacrifices de notre peuple ayant recouvert son indépendance au prix d'un million et demi de nos valeureux martyrs. Personne ne peut oublier les conditions de misère, de famine, d'humiliation, de discrimination, d'expropriation, de dépossession et d'un Code de l'indigénat qui reposait sur la violence et le déni de justice imposé par la puissance coloniale française. L'analphabétisme battait son plein où plus de 90% ne fréquentait pas l'école «indigène» qui permettait d'obtenir juste le certificat primaire élémentaire. En face quelques talebs enseignaient le Coran dans des maisons de fortune, sorte de gourbis, l'Association des Ulémas créera à travers le pays des écoles privées tel l'institut Ibn Badis de Constantine. Il y avait aussi des écoles d'obédience PPA/MTLD comme celle d'El Katanyia qui verra nombreux militants devenant à l'indépendance des chefs d'Etat comme Mohamed Boukharouba, alias Houari Boumediene ou Ali Kafi? Les pouvoirs de l'Etat colonial s'exerçaient dans des « Communes indigènes» sur le modèle des Bureaux arabes par des Caïds dont la majorité leurs sont inféodés. Elles seront remplacées sous la IIIème République par les «Communes mixtes» dirigées par un administrateur civil. Le combat politique prend forme après toutes les insurrections populaires anti-coloniales menées par l'Emir Abdelkader, Hadj Ahmed Bey, Cheïkh El Mokrani, les Bel Haddad, Cheïkh Bouamama les Zaâtchas, les Ouled Sidi Cheïkh? toutes ces révoltes finissent par faire émerger la formation d'élites politiques à commencer par l'Emir Khaled qui, dès avril 1919 avait envoyé dans le secret absolu un mémorandum au président Wilson demandant à la Conférence de paix pour que l'Algérie soit mise sous tutelle de la future Société des Nations (SDN). Depuis son journal El Ikdam, il crée son parti «La Fraternité Islamique» dans l'esprit de l'Islam des «Jeunes Algériens». L'Emir Khaled intervenait dans un langage populaire imagé par des proverbes du terroir, lançant des idées de son programme telles : un réseau d'écoles libres, d'une presse en langue arabe, l'organisation des émigrés en France etc. L'Administration coloniale finit par lui imposer l'exil volontaire vers Alexandrie puis Damas. Même l'élite jeune algérienne le lâcha craignant son charisme et son éloquence durant les campagnes électorales. Il revient à Paris dans le giron du Parti communiste dans le combat de lutte anti-impérialiste de l'indépendance de l'Algérie. Il est sans aucun doute le précurseur des courants politiques qui vont voir le jour dès 1923. Ainsi naissait l'Etoile nord-africaine (ENA) dirigée par Messali Hadj et fondée à Paris en juin 1926 dans le sillage du Bolchevisme en tant que premier mouvement indépendantiste algérien. Nombreux sont ceux des émigrés du Maghreb qui adhéraient aux idées de l'ENA. Des liens de solidarité ancrés dans l'amour de la Patrie mais surtout des valeurs ancestrales de leur origine maghrébine. L'EMIGRATION, POURVOYEUSE ESSENTIELLE DES FINANCES «El Ghorba» ou l'exil des Algériens en France puis en Europe entre les deux guerres venus entreprendre les travaux pénibles de reconstruction et de développement économique de la Métropole sera le cadre d'une militance politique d'un genre nouveau d'une élite formée dans le syndicalisme et les mouvements politiques d'Europe ouvrant les horizons d'un nationalisme moderne. Dans sa sève confrérique, Hadj Messali, qui aura pour compagne Emilie Bousquant, fille aînée d'un mineur anarchiste et syndicaliste de Neuves-Maisons en Meurthe-et-Moselle, commencera à s'initier avec elle aux luttes ouvrières. L'idée d'émancipation indépendantiste ne pouvait passer que par la doctrine marxiste-léniniste pour les Colonies et donc s'inscrire tout au début dans le PCF où sera créée une Fédération des militants originaires des colonies françaises. L'Etoile nord-africaine sera le mouvement qui va englober les Maghrébins mais surtout les Algériens. Et c'est Abdelkader Hadj Ali, membre du Comité Exécutif de l'Union Inter-coloniale qui recruta les premiers adhérents à l'ENA dont Hadj Messali dont ils seront les deux présents au nom de l'ENA au Congrès anti-impérialiste tenu durant l'hiver 1927. UNE CONSTITUANTE SOUVERAINE DANS L'ESPRIT DE L'ISLAM Hadj Messali en tant qu'affilié à une confrérie ne pouvait admettre l'idée d'indépendance que dans l'esprit de l'Islam. En ce moment l'Emir Chakib Arslan qui vulgarisait à partir de la Suisse un certain arabo-islamisme fait connaissance en 1935/36 avec Messali qui s'engageait quant à lui dans un projet de société sur la base d'une Constituante souveraine au suffrage universel. En fait, la culture politique de la génération de Messali n'avait pas idée de se lancer dans l'insurrection armée jusqu'au moment ou le FLN déclare au monde sa Révolution un 1er novembre 1954. Alors que le PCF voulait satelliser l'ENA, résolument patriotiquement algérienne, en 1928 Hadj Ali disparaît laissant place à Messali Hadj qui s'identifia avec son combat indépendantiste. En 1933 il crée la «Glorieuse Etoile» dissoute peu après en 1934. Messali commença une série de séjours dans les prisons françaises. Le 27 janvier 1937 le Gouvernement Blum interdisait l'ENA et le 11 mars de la même année, Messali fonde son Parti, le PPA (Parti du Peuple Algérien) en transférant son siège à Alger avant d'être arrêté et condamné à deux ans de prison ferme avec des compagnons tels Moufdi Zakaria qui venait en 1936 de composer l'hymne du PPA : «Fidaou El Djazaïr Rouhi Wa Mali Ala Fi Sabili Al Houryia Falyahia Hizb Alistiklal Wa Najm Chamal Ifriqia Wal Yahia Chabab Alghali Mithalou AlFida Walwatania Wali Tahia Al Djazaïr Mithla el Hilal Wali Tahia Fiha Al Arabia Ala Fi Sabili Alistiqlal Ala Fi Sabili Al Hourryia». Cet hymne est sans doute «l'Appel au sacrifice suprême» de tous les combattants de la liberté pour que vive l'Algérie libre et indépendante. Moufdi Zakaria composera «Min Djibalina Talâa Sawt Al Ahrar Younadina IlIstiqlal» (De nos montagnes s'est élevée la voix des hommes libres qui nous appellent à l'indépendance). «Qassaman» suivra et qui sera «Le Serment» composé à la demande du dirigeant FLN Abane Ramdane en 1955 dont le refrain est «Fachhadou-Fachhadou-Fachhadou» (Attestez !-Attestez !-Attestez !) qui est l'Attestation en l'Unité divine premier pilier de l'Islam. Au mois de septembre 1939, le PPA fut dissous et ses journaux «El Oumma» et «Le Parlement Algérien» furent interdits. Messali Hadj libéré en août fut à nouveau arrêté en octobre et fut condamné en mars 1941 à seize ans de travaux forcés. Face à la répression presque toute la direction du Parti fut décapitée. Mohamed Boudiaf, fonctionnaire aux impôts dans le Constantinois, et Mohamed Khider, syndicaliste dans le secteur des tramways à Alger, furent les militants du PPA et devinrent les chefs historiques du FLN au lendemain de la Révolution. UNE NOUVELLE GENERATION D'HOMMES D'ACTION Une nouvelle génération non émigrée prend les destinées du Parti en la personne de Lamine Debbaghine, médecin de formation dès 1942 en l'absence de Messali. Le PPA prend le dessus dans l'animation des meetings à travers le pays. Messali fut détenu en 1943 puis transféré en résidence surveillée à Boghari, ensuite à In Salah et 1944 à Chellala. Il sera à nouveau orienté vers Paris pour revenir à Bouzéréah à l'approche des massacres de 1945. Il sera emprisonné à El Goléa puis à Brazzaville le 23 avril en 1945. LA REVOLUTION DE TOUTES LES ESPERANCES «RESSOURCEMENT NOVEMBRISTE ET DEVOIR DE MEMOIRE» Soixante et un ans après le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954, quels enseignements peut-on tirer de l'immortelle guerre de libération nationale ? Les témoins et les acteurs de cette histoire n'ont pas tout dit ou du moins n'ont pas eu le recul pour le dire. En ce moment où le monde arabe traverse des bouleversements systémiques sous l'appellation de «Printemps arabe», certains daignent les qualifier de révolutions, ce concept semble être galvaudé et n'exprime pas le sens à donner à ces changements. Les théoriciens néo-coloniaux donnent une définition réductrice de la notion de révolution, car celle-ci a un contenu politique de décolonisation, un programme et des attaches millénaires à la Patrie non soumises aux convoitises de ceux au nom de la démocratie et des droits de l'homme veulent spolier les ressources des nations. REVOLUTION ALGERIENNE FACE AU COLONIALISME ET L'OTAN Lorsque la Révolution algérienne s'est déclarée à la face du monde contre le colonialisme français assisté par les forces de l'OTAN, appelant le peuple à se mobiliser et à s'engager dans une guerre de libération nationale, le peuple algérien a fini par arracher son indépendance nationale au prix de grands sacrifices. «A vous qui êtes appelés à nous juger...». C'est par cette phrase, pleine de significations et de symboles, que la proclamation du 1er Novembre 1954 s'adressa au peuple algérien et aux militants de la cause nationale sur le bien-fondé du déclenchement de la Révolution. La Toussaint était rouge ce 1er novembre 1954 pour les Français d'Algérie. Tout a commencé lorsque quelques militants, anciens membres de l'OS, mise en place en 1946 et démantelée par la police en 1950, ont décidé de se regrouper et déclencher l'action insurrectionnelle. Le MTLD était divisé en deux clans qui s'affrontaient sans merci. Les Centralistes qui dénonçaient le culte de la personnalité de Messali Hadj et les partisans de ce dernier. Ne pouvant venir au bout de leurs querelles, quelques anciens de l'OS (Organisation Spéciale), ont créé le CRUA (Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action), qui au départ était au nombre de cinq : Mohamed Boudiaf, Mostefa Benboulaïd, Larbi BenM'Hidi, Rabah Bitat et Mourad Didouche puis les rejoint Krim Belkacem qui tenait le maquis en Kabylie. Ce comité rallie à son projet Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et Mohamed Khider qui étaient au Caire. Ce sont ces neuf hommes qui prendront l'initiative de l'insurrection armée. Entre Messalistes et Centralistes la scission est consommée. Le 10 octobre 1954 les six membres du CRUA présents à Alger décident la lutte. Ils créent l'aile politique appelée FLN et l'aile militaire appelée ALN. La date de l'insurrection est fixée au lundi 1er novembre 1954, jour de la Toussaint chez les Français où les soldats en fête désertent les casernes. QUI REDIGEA LA DECLARATION DU 1ER NOVEMBRE 1954? Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche étaient chargés de rédiger la proclamation de Novembre ou du moins sous leur dictée que sont définis les buts et les moyens du nouveau mouvement. Deux mois plutôt, les Six s'étaient répartis les Zones ou Wilayates qu'ils venaient de créer. Mohamed Boudiaf chargé de la coordination et de la liaison avec le Caire avait été élu Président. UN MOUVEMENT DE RENOVATION DENOMME FLN Le mouvement de rénovation créé sous le nom du FLN va offrir la possibilité à tous les patriotes de toutes les couches sociales et de tous les Partis d'adhérer individuellement à la cause nationale de libération pour la restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. Au matin du 1er novembre 54 les armes ont parlé à travers l'ensemble du pays. C'est le commencement de la fin d'une ère coloniale qui est restée 132 ans. Une Révolution d'héroïsme et de la foi vient d'inscrire en lettres de sang et d'or la plus belle page de gloire de l'histoire de l'Algérie plusieurs fois millénaires. Le sentiment de l'urgence de passer à l'action découle de la conscience patriotique et de l'attachement aux valeurs universelles dont la dignité et les droits de l'homme ne sont pas des moindres. * Chercheur universitaire, ancien ministre A suivre |
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