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Un important ouvrage vient d'être mis en vente en ce mois de juin 2010
par Mr Chérif Ouabdesselam cadre supérieur et manager pendant de très longues
années au niveau du ministère de l'Energie et de Sonatrach (PDG de filiales et
vice-président) entre 1965 et 1978 sur un sujet d'une brûlante actualité «Le
management d'entreprise dans les pays du tiers-monde». L'ouvrage de Mr Chérif
Ouabdesselam, que j'aie eu l'honneur de suivre la rédaction et le plaisir de
préfacer, livre à la fois une analyse théorique et pratique intéressante sur le
management de l'entreprise et surtout sa propre expérience faisant le lien
entre la théorie et la pratique, ce qui fait cruellement défaut dans notre pays
( faiblesse de symbiose entre nos universités et le monde économique) par une
démonstration de vérité sans complaisances et sera me semble-t-il un ouvrage de
référence et un guide profitable aux seuls intérêts supérieurs de l'Algérie.
L'auteur montre qu'avec la nouvelle configuration de la division internationale du travail, produit historique de l'évolution du développement du capitalisme que l'on nomme aujourd'hui mondialisation, le capital se socialise dans différents dispositifs techno-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail dont le nouveau système de communication est déterminant dans les savoirs sociaux, ayant des incidences à la fois sur la gouvernance d'entreprise, la gouvernance sociale et politique. Aussi, face à ces mutations, on ne saurait occulter l'anthropologie économique qui est un des facteurs essentiels pour le manager, ce que montre très bien l'auteur, cette approche socioculturelle évitant l'économicisme, qui rend compte de la complexité de nos sociétés. Cette approche s'inspire des importants travaux sous l'angle de l'approche de l'anthropologie économique de l'économiste indien prix Nobel Amartya SEN où d'ailleurs selon cet auteur, il ne peut y avoir de développement durable sans l'instauration d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de l'anthropologie culturelle de chaque société, qui permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et donc l'épanouissement des énergies créatrices. Ne devant pas confondre Etat de droit et démocratie, cela ne signifie pas qu'il ne puisse pas y avoir d'économie de marché sans démocratie qui est le but suprême, comme le montre certaines expériences historiques en Asie et en Amérique latine, mais avec le développement, à travers le temps, naissent des couches moyennes productives qui aspirent de plus en plus à la gestion de la Cité, la démocratie étant le but suprême. Aussi cet ouvrage vient au bon moment où notre économie connaît un déficit de management stratégique, une activité indispensable à la création d'emplois et à la production de richesses. Dans ce cadre, l'auteur montre que le management d'entreprise constitue une condition préalable à la gouvernance institutionnelle à la suite des importants travaux du prix Nobel d'économie Douglass North , et plus récemment des prix Nobel 2009 Olivier Williamson et Elinor Ostrom (2009) qui ont mis en relief les liens entre les institutions et la bonne gouvernance. L'auteur montre clairement l'évolution historique du concept de bonne gouvernance et qu'il serait erroné d'affirmer que la bonne gouvernance serait l'assimilation à la quantification de la croissance du PIB / PNB vision mécanique dépassée par les institutions internationales elles-mêmes, la crise de l'État et la récente crise mondiale d'octobre 2008 dont les effets se font toujours sentir en est la preuve concrète, ne connaissant pas seulement une crise interne touchant à ses fonctions et à sa structure, mais concerne davantage la capacité de l'État à asseoir sa légitimité ainsi qu'à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socio-économiques. Et l'auteur de développer largement un des fondements du mangement stratégique du fait, qu'aucun résultat satisfaisant tant pour le client que pour l'entreprise ne peut être obtenu sans la mise en place de structures autonomes accompagnées de délégations de pouvoirs et surtout la réforme de l'école, mère de toutes les réformes. L'auteur insiste à juste titre, sur la qualité et non en se limitant aux dépenses monétaires, afin que les entreprises puissent se développer et résister à la concurrence imposée par la mondialisation, et surtout de repenser l'actuel système économique mondial injuste en intégrant le défi écologique, ce système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l'avenir de l'humanité, accéléré d'ailleurs par les gouvernances les plus discutables de la part de certains dirigeants du Sud. Aussi, je crois sincèrement que ce livre pourrait contribuer efficacement à une meilleure prise de conscience de l'urgence pour l'Algérie de passer d'une économie de rente à une économie productive indépendante des hydrocarbures en s'appuyant sur quatre piliers : Le développement de l'activité managériale au sein des entreprises, le savoir, l'organisation en réseaux et une bonne gouvernance liée à un Etat de droit. J'espère que cet important ouvrage suscitera des débats contradictoires, l'intellectuel devant douter constamment, et cela doit s'appliquer également aux politiques. C'est à quoi contribue l'excellent ouvrage de Mr Ouabdesselam que je recommande tant aux décideurs, aux managers, aux journalistes qui accomplissent un important travail de vulgarisation et aux étudiants. * Professeur d'université |
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